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Niederkorn : dix ans de réclusion pour l’ex-cafetier violeur


Cour d'appel de Luxembourg. (photo archives LQ / JC Ernst)

La Cour d’appel a reconnu elle aussi la culpabilité du quinquagénaire de Niederkorn poursuivi pour abus sexuels sur deux serveuses en 2010 et 2011.

Sur les dix ans de réclusion dont l’ancien patron de café a écopé mardi, quatre sont assortis du sursis. Il a l’obligation de commencer son traitement psychiatrique dès sa sortie de prison. Une peine réduite par rapport à celle prononcée en première instance. Mi-février, l’ancien patron du café de Niederkorn avait en effet écopé de 16ans de réclusion, dont 6ans avec sursis.

Deux séries de faits étaient reprochées à cet ancien patron du café (50 ans) rue de Longwy, à Niederkorn. Le premier fait remonte au 25 juillet 2010. Devant la chambre criminelle en première instance, la victime, âgée de 24 ans, avait déclaré avoir été violée par son patron lors de son premier jour de travail. Cela s’était passé alors que tous les clients avaient quitté le café et qu’elle attendait d’être payée pour le travail qu’elle avait presté. Le tout avait commencé par des attouchements. «J’ai toujours rejeté ses avances», avait-elle témoigné en ajoutant qu’elle pensait avoir le contrôle. Elle avait accepté dans le but d’obtenir son salaire : «Je voulais avoir l’argent et rentrer.»

La deuxième série de faits concerne la période comprise entre avril et août 2011. La deuxième serveuse avait affirmé avoir été victime d’abus sexuels, à l’âge de 22 ans, lorsqu’elle logeait dans la chambre au-dessus du café, mise à sa disposition par son patron. En lui enlevant régulièrement les clés, il l’aurait également empêchée de quitter l’établissement. «Le fait qu’elle ait fini par incendier la maison peut être interprété comme un appel à l’aide. Car les abus n’ont pas eu lieu qu’une seule fois», avait interprété l’expert psychiatre qui avait examiné la jeune femme. Le procès pour cet incendie criminel a eu lieu début juin. Le 30 juin, la jeune femme a écopé de dix ans de réclusion, dont sept avec sursis.

Comme en première instance, l’ancien patron de café avait fermement contesté les accusations de viols et de séquestration portées contre lui. «Je suis innocent. Ce n’est pas vrai», avait-il clamé à la barre de la Cour d’appel. À la question de la présidente de savoir pourquoi les victimes mentiraient, le prévenu avait répondu : «Je ne comprends pas pourquoi elles veulent m’accuser de choses que je n’ai jamais faites.»

«Des déclarations des victimes constantes»

Pour son procès en appel, le prévenu avait changé d’avocat. Me Gaston Vogel avait plaidé l’acquittement pour cause de doute. «Il n’y a aucun témoin oculaire», avait-il soulevé. «Comme souvent dans les affaires de viols, votre Cour se trouve en face de versions contradictoires. Ce n’est guère étonnant. Normalement il n’y a jamais personne qui tient la chandelle dans une affaire de viol», avait répliqué la représentante du parquet général, Simone Flammang au début de son réquisitoire. «Les déclarations des deux victimes ont été constantes», avait-elle poursuivi. Elle avait demandé de retenir le viol, les attentats à la pudeur, les coups et blessures volontaires ainsi que la séquestration, tels que l’avaient fait les juges de première instance. «Le but de la séquestration le 23 juin 2011 est de garantir son impunité. Il l’empêche de faire constater médicalement les traces du viol», avait-elle noté.

Le parquet général avait néanmoins qualifié de «très sévère» la peine prononcée en première instance : «Dix ans de réclusion serait une peine adéquate.» Il ne s’opposait pas à ce que la peine soit assortie d’un sursis probatoire de deux à trois ans avec l’obligation de se soumettre à un traitement psychiatrique et d’indemniser les parties civiles.

Conformément aux réquisitions du parquet général, le quinquagénaire a écopé mardi après-midi de dix ans de réclusion, dont quatre avec sursis. Il est placé sous le régime du sursis probatoire pour une durée de cinq ans avec l’obligation notamment de commencer son traitement psychiatrique dès sa sortie de prison. Aux parties civiles, il doit verser au total 30 000 euros de dommages et intérêts. Le montant fixé par les juges de première instance a donc été confirmé.

Fabienne Armborst