Une rupture mal digérée et une dispute qui a dégénéré ont conduit Fernando face à la justice. Il aurait blessé un homme avec un bâton, une barre de fer ou un pic à glace.
«Tu me le payeras» ou «Il me menace de me casser les jambes et de me tuer.» Il est des ruptures plus faciles que d’autres, surtout quand l’un des deux a du mal à l’assumer. Ou les deux. En 2014, Fernando, 58 ans aujourd’hui, rencontre une jeune femme d’origine brésilienne sur son lieu de travail.
Il l’aurait trouvée un peu trop enveloppée à son goût et n’aurait jamais été amoureux, mais elle lui aurait mis le grappin dessus et aurait rêvé de mariage. Fin août 2017, après que sa sœur et ses collègues auraient vu la relation d’un mauvais œil, il y aurait mis un terme. La jeune femme se serait obstinée et l’aurait menacé.
La version de la jeune femme concernant les mois suivant la rupture et les faits qui les réunissent face à la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg cette semaine et la semaine prochaine est différente. Au policier qui a pris sa déposition, elle aurait qualifié Fernando de «jaloux».
L’homme n’aurait pas hésité à la suivre. Elle se serait sentie menacée et a déposé plainte auprès de la police pour harcèlement obsessionnel six jours avant les faits. Le relevé des échanges que les anciens amants ont eu sur une messagerie en ligne et au téléphone démontre que si elle a initié les contacts lors des deux premiers mois après la rupture, Fernando n’aurait pas été en reste les mois suivants. L’après-midi des faits, Fernando lui aurait écrit une phrase sujette à interprétation : «Je vais le mettre tranquille.»
Le soir du 19 novembre 2017, peu après 22 h, Fernando s’est rendu chez sa sœur à Niederkorn après son travail. Il était encore dans sa voiture quand un homme se serait approché et lui aurait lancé : «Fils de pute, je vais t’enfoncer tes cornes!»
L’homme est accompagné de la jeune femme. Fernando aurait démarré pour quitter les lieux, mais l’homme lui aurait barré la route avec sa voiture, puis l’aurait frappé à la tête avec un nerf de bœuf. De nouvelles menaces seraient tombées.
Encore. Selon Fernando, il se serait agi de la troisième fois que l’homme aurait bloqué sa voiture et l’aurait menacé. Fernando serait sorti de la voiture pour en découdre. Il aurait blessé son opposant avec la portière de la voiture avant de s’emparer d’un bâton qu’aurait tenu la jeune femme et de le frapper.
Il aurait visé l’épaule, mais aurait touché la tête. L’homme aurait tenté de le désarmer, mais aurait été projeté contre une voiture qu’il aurait heurtée avec la tête. Le prévenu aurait également frappé l’homme à l’épaule. Voyant qu’il saignait, il aurait appelé à l’aide avant de quitter les lieux.
Pas de trace des armes
La victime présumée prétend avoir été attaquée et blessée par un objet pointu, un pic à glace. Un expert a confirmé hier avoir relevé des blessures légères et des griffures correspondant à ce récit. Des blessures qui auraient pu avoir des conséquences tragiques si les coups portés avaient été plus violents, a expliqué un médecin légiste.
La jeune femme aurait présenté les traces d’un coup de boule, mais l’expert n’aurait pas trouvé de traces correspondantes sur le front du prévenu. Les blessures de Fernando correspondraient à son récit.
Un témoin qui rentrait chez lui a assisté à toute la scène. Selon lui, Fernando serait descendu de son véhicule et aurait asséné un coup de poing au visage de l’homme avant de sortir une barre de fer – et donc pas un manche de balai ou un bâton – du coffre de sa voiture et s’en serait servi pour frapper son opposant.
Aucun témoin de la bagarre n’a évoqué d’objet pointu ou de pic à glace, selon un enquêteur. Seuls la jeune femme et l’homme en auraient parlé. Les lacérations dans les vêtements que portait la victime présumée le soir des faits correspondant aux éraflures sur son corps laisseraient supposer que Fernando n’aurait pourtant pas utilisé qu’un bâton en bois ou une barre de fer comme il le prétendrait.
La police n’a retrouvé aucun de ses objets sur les lieux. Fernando s’en serait-il débarrassé dans sa fuite ? Personne ne peut l’affirmer à ce stade du procès. De nombreux témoins, dont les deux victimes présumées, sont appelés à témoigner dans les prochains jours de ce qu’ils ont vu ce soir-là. Puis, ce sera à Fernando de s’exprimer. La suite cet après-midi.
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