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Neufchâteau : deux policiers en viennent aux mains


Le jugement est attendu pour le 24 novembre. (Photo eda / claude petite

Deux policiers ont été présentés au tribunal pour une soirée qui s’est mal terminée.

Ce n’est pas courant que deux policiers en viennent aux mains et qui plus est, lorsque les coups sont portés par le supérieur hiérarchique. Cela s’est passé le 23 décembre 2021, dans un établissement de Neufchâteau, après les heures de service. Le policier le plus haut gradé voulait fêter Noël, mais aussi fêter avec son équipe les excellents résultats de la WPR, la police de la route qui a permis l’interpellation et l’arrestation de plusieurs dealers transitant par nos autoroutes E411 et E25 au Luxembourg.

L’ambiance dans ce café était bon enfant. Les policiers jouaient aux fléchettes et buvaient quelques bières spéciales. En principe, rien n’aurait dû dégénérer. Mais le chef de service aurait pourtant dû se montrer prudent avec la consommation d’alcool. Car autant ses états de service sont impeccables et même remarquables, autant ce policier présente une mauvaise résistance à l’alcool : on en veut pour preuve que deux mois avant l’incident de Neufchâteau, le policier a déjà eu une altercation avec un jeune dans un établissement à Saint-Hubert I l lui avait donné une gifle et la copine du jeune avait répliqué en s’en prenant au policier. Cette première prévention vaut aussi au policier de se retrouver devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau.

Le jeu tourne au vinaigre

Revenons aux faits, plus importants, du 23 décembre 2021 à Neufchâteau. Les agents de la police de la route font donc la fête. Le chef de l’équipe donne alors des cacahuètes à une personne pakistanaise attablée paisiblement à côté. Un geste qui aurait pu avoir une connotation raciste, mais qui ne vaudra pas le renvoi du policier devant le tribunal pour une prévention de ce genre. N’empêche que ce soir-là, le client, offusqué, réplique à l’adresse du policier : «C’est quoi ton éducation?» «Je regrette beaucoup ce qui s’est passé. J’ai eu l’alcool idiot, la bière m’est montée à la tête. J’ai donné une piètre image de la police», témoigne le policier jeudi devant le tribunal, contenant difficilement ses pleurs et son émotion. L’alcool aidant, dans le café ce soir-là, le chef d’équipe et un plus jeune policier enlèvent leurs chemises et s’amusent à taper sur leurs abdos! «Un jeu entre mâles», commente avec humour la présidente du tribunal, Carine Thomas.

Le jeu tourne un peu au vinaigre. Le plus jeune policier fait un balayage à son chef, qui se fait mal en retombant. Le plus jeune s’approche et lui dit «Je te pète la gueule!» Voyant rouge, le chef se relève, prend son jeune collègue par la gorge et le colle au mur, «tout en lui adressant des propos durs et blessants», précise encore la magistrate. Le chef sera suspendu dans ses fonctions à la WPR et muté depuis lors dans un autre service de la police, en dehors de la province de Luxembourg.

« Vous aviez tout pour mener une brillante carrière »

«C’est un énorme gâchis, vous aviez tout pour mener une brillante carrière dans la police de la route. Je regrette surtout que depuis les faits, vous ayez eu une attitude déresponsabilisante en ne faisant aucune démarche vers vos anciens collègues. Je réclame une suspension probatoire, avec contrôle de l’alcool», requiert le procureur du roi, Étienne Donnay. Me Alexandre Wilmotte, conseil du prévenu, préférerait une suspension simple car le policier n’a aucune addiction à l’alcool. «Mon client est très investi dans son métier et a entamé une psychothérapie», souligne-t-il. Jugement le 24 novembre.

Dominique Zachary
(L’Avenir)