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Mort d’un soldat en 2012 : le procès révèle le non-respect des consignes


La première journée du procès pour l’incident meurtrier au dépôt du Waldhof en 2012 a révélé, hier, que les soldats n’observaient pas les consignes.

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Le 5 novembre 2012, un soldat trouvait la mort dans un accident au dépôt de munitions au Waldhof. (Photo : armee.lu)

Le 5 novembre 2012, un soldat trouvait la mort au dépôt de munitions au Waldhof. L’hypothèse du suicide avait rapidement été écartée. Au prévenu qui comparaît depuis hier devant la Chambre correctionnelle, on reproche aujourd’hui l’homicide involontaire. L’ancien soldat risque une amende et une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans.

Les faits reprochés remontent au 5 novembre 2012. Le parquet reproche à David B., un ancien soldat âgé aujourd’hui de 28 ans, d’avoir tiré entre 17h15 et 17h20 sur un collègue de l’armée au dépôt de munitions de Waldhof. La victime, âgée alors de 22 ans, Laurent T., avait succombé à ses blessures.

Dans un premier temps, les deux soldats, David B. et Damien L., qui se trouvaient avec la victime au moment des faits, avaient formellement déclaré s’être trouvés à l’extérieur quand ils avaient entendu le coup de feu. La victime, quant à elle, se serait trouvée seule dans la guérite. Ce qui avait mené les enquêteurs aux hypothèses du suicide ou d’un accident. L’enquête n’avait toutefois pas révélé de signe en faveur de la thèse du suicide.

Le soldat David B. avait fini par avouer que le tir provenait de son arme. « Il a parlé d’accident et pas d’une intention », indiquait hier l’enquêteur de la police judiciaire en charge du dossier.

Au cours de la première journée du procès devant la neuvième Chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, hier, ont été entendus le médecin légiste ainsi que deux enquêteurs.

Selon les résultats de l’autopsie, la victime n’a pas pu se tirer elle-même dessus. Le médecin légiste Catia Loddoconstate en effet deux blessures, l’une dans l’avant-bras droit, l’autre au niveau du thorax. « Le foie était complètement déchiqueté », note-t-elle encore. Le soldat étant décédé des suites de l’hémorragie, même la présence d’un médecin urgentiste n’aurait pas changé la donne.

Selon l’enquêteur, le prévenu avait expliqué, au moment de son aveu, qu’il était entré dans la guérite l’arme sur son dos. Voulant la retirer, il se serait coincé dans la bandoulière et ses doigts se seraient retrouvés sur la gâchette. « J’ai enfreint quatre règles de sécurité » aurait concédé le prévenu.

Pour arriver au coup de feu, le prévenu est non seulement entré dans la guérite sans décharger son arme, mais en plus cette dernière n’était pas sécurisée. Enfin, il a dirigé son arme en direction d’un individu et actionné la gâchette avec un point de poussée minimal de 5 kg.

> « Ils pensaient que c’était un cendrier »

« Le fait est qu’il a fait beaucoup de choses qu’il n’aurait pas eu le droit de faire », résumait donc hier le président de la neuvième Chambre correctionnelle, Prosper Klein.

D’après l’enquêteur, les consignes de sécurité interdisent aux soldats d’entrer dans la guérite avec une arme chargée. Or les enregistrements des caméras de surveillance ont montré que quasiment aucun soldat ne s’y tenait. L’enquêteur a par ailleurs rappelé hier qu’à l’entrée de la guérite se trouvait un tonneau qui servait à désamorcer les armes. Toutefois, une grande partie des soldats interrogés ne l’auraient pas su. « Ils pensaient que c’était un cendrier », note l’enquêteur.

Ce dernier rapporte enfin que des résidus du coup de feu se trouvaient sur les uniformes de David B. et Damien L., les deux soldats qui avaient porté les premiers secours à la victime. Le prévenu, David B., est toutefois le seul à en avoir eu sur les mains. Un autre détail révélé hier au cours de la séance est que l’arme qui a tué Laurent T. était conçue pour les droitiers. Or le prévenu est gaucher.

Le procès se poursuit cet après-midi avec deux experts en balistique ainsi que les auditions des témoins. Pas moins de treize seront entendus pendant les trois séances d’audience restantes.

De notre journaliste Fabienne Armborst