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Metz : des lettres répugnantes dans la boîte de son ex


Le prévenu a été condamné à un an de prison dont six mois avec sursis probatoire. Il lui est interdit d’entrer en contact et de paraître au domicile de la victime, qu’il devra indemniser. (Photo : archives RL /Maury Golini)

Il avait adressé des lettres au contenu plus que douteux à son ex-compagne pour la menacer de viol et exercer un véritable harcèlement moral. Lundi 21 septembre, cet habitant de Marly a été condamné à un an de prison dont six mois avec sursis probatoire.

Inconnu de la justice, ce chef d’atelier mécanique, placé en détention provisoire depuis trois jours, était jugé, lundi 21 septembre, au TGI de Metz pour des menaces de viol et du harcèlement. Des faits commis à l’encontre de celle avec laquelle il a vécu trois ans et demi et dont il est séparé depuis février.

Durant trois semaines, par le biais de sept lettres anonymes au contenu sexuel très explicite, le prévenu a exercé une véritable emprise morale sur son ex. Il déposait ces missives, accompagnées parfois de sachets contenant du sperme ou des poils pubiens, dans sa boîte à lettres. Terrorisée, cette mère de famille explique : « Je ne pouvais pas imaginer que ce soit lui et pourquoi il me vouait une telle haine ! Je suis soulagée que ça s’arrête mais très affectée que ce soit lui. Comment peut-on espérer se rapprocher de quelqu’un quand on le menace ? À cause de ces lettres, j’ai sombré dans une espèce de paranoïa. Je me sentais en insécurité permanente. » C’est l’installation d’une caméra dans un véhicule, à proximité du domicile de la victime, qui a permis, le 10 septembre, de mettre un terme à ce scénario cynique en donnant une image de l’intéressé.

«Un pervers narcissique»

«Si j’avais la possibilité de revenir en arrière, je le ferais. Ce n’était pas de la vengeance ! Je voulais un échange. Je lui aurais avoué que c’était moi mais l’enquête a été trop rapide. Je ne l’aurais jamais touchée, je vous assure», clame le prévenu de 48 ans.

«Ce n’est pas un dingue échappé de Jury qui a envoyé ces lettres à ma cliente mais celui avec qui elle a partagé plusieurs années de sa vie», fulmine Christine Pernel, avocate de la victime, en sollicitant un renvoi sur intérêts civils pour l’indemnisation du préjudice moral.

«Dès que vous voyez le prévenu, vous comprenez ce que la victime a pu ressentir», constate le parquet en décrivant «un pervers narcissique qui fonctionne dans la toute-puissance de son désir». «Ses paroles sont inquiétantes», constate le magistrat tout en évoquant «une mécanique froide de terreur», «une logique de destruction avec une conduite destinée à terroriser la victime». «Il n’a pas pris conscience de l’énorme problème psychologique qui le dévore», conclut le ministère public en requérant un an de prison dont six mois ferme avec maintien en détention.

«L’acte d’un amoureux éconduit»

«Ces lettres étaient une façon étonnante d’essayer de rentrer en contact avec la victime qui sera indemnisée à sa juste mesure, assure Anabel Gonzales, conseil du prévenu. C’est plus l’acte d’un désespéré, d’un amoureux éconduit, que d’un pervers. Cette femme, il l’aimait peut-être mal. Suivre les réquisitions serait pour lui un suicide social. Rien ne nous permet de penser aujourd’hui qu’il va y avoir un passage à l’acte !»

Le quadragénaire est ressorti du tribunal avec une condamnation à un an de prison dont six mois avec sursis probatoire. Il lui est interdit d’entrer en contact et de paraître au domicile de la victime, qu’il devra indemniser.

Delphine Dematte (Le Républicain lorrain)