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Mauvais diagnostic à Niederkorn : le gastroentérologue jugé à nouveau en appel


Le médecin est poursuivi pour homicide involontaire alors qu'un soir de garde, à l'hôpital de Niederkorn, son mauvais diagnostic aurait entraîné le décès d'une jeune femme de 28 ans. (photo DR)

Acquitté en première instance, ce médecin gastroentérologue est poursuivi pour homicide involontaire. Il lui est reproché, dans la nuit du 24 au 25 janvier 2004, un mauvais diagnostic ayant conduit au décès d’une jeune femme de 28 ans des suites d’une strangulation de l’intestin grêle, à l’hôpital Marie-Astrid à Niederkorn. Le parquet général demande la confirmation de l’acquittement.

Pas moins de neuf témoins et experts avaient défilé dans le premier procès du médecin gastroentérologue de 53 ans au printemps dernier. Les débats avaient souvent été très techniques. Procès à l’issue duquel le quinquagénaire avait été acquitté.

Depuis lundi, il comparaît devant la Cour d’appel. Car le parquet et les parties civiles ont interjeté appel. « Si la patiente avait été prise en charge correctement, elle aurait pu être sauvée », estiment Me Pascal Peuvrel et Me Natacha Stella, les avocats des parties civiles, représentant les membres de la famille de la victime. Il était 19h, ce samedi soir, quand la jeune femme souffrant d’atroces douleurs abdominales arrive à l’hôpital Marie-Astrid où elle est reçue par un premier urgentiste achevant son service.

Un second médecin généraliste prend la relève. Devant les résultats de la prise de sang et de la radio de l’abdomen qui lui paraissent inquiétants, il appelle le médecin gastroentérologue de garde. Il est 21h30 quand il lui demande de venir dans l’heure. Mais ce n’est que plus de deux heures plus tard, après avoir été rappelé, que le spécialiste arrive à Niederkorn.

« S’il était venu plus tôt, il aurait vu les fortes douleurs de la patiente , soulève M e Stella. «S’il avait fait preuve d’un minimum de diligence, la patiente aurait certainement pu être sauvée », enchaîne Me Peuvrel qui déplore qu’aucun scanner n’ait été réalisé dans l’urgence pour trouver le mal dont la patiente était atteinte. Près de 12 heures s’écoulent avant qu’elle fasse son arrêt respiratoire et cardiaque. Elle est réanimée et stabilisée avant de pouvoir passer au scanner, qui révèle la strangulation de l’intestin grêle. Elle est opérée d’urgence. Mais trop tard. Plongée dans un coma, elle décède quatre semaines plus tard, le jour de ses 28 ans.

Selon Me Peuvrel, le fait que les symptômes de la patiente ressemblent à une gastroentérite ne sauraient en aucun cas excuser le laxisme du docteur : « Sa négligence s’est révélée fatale pour la patiente. Il n’a pas pris les mesures adéquates pour éclairer son diagnostic. »

Comme lors du procès de première instance, les parties civiles demandent de retenir l’homicide involontaire. Au total, les parents, le frère et la sœur de la victime réclament plus de 350 000 euros pour le préjudice subi.

«Il y a eu erreur, mais elle n’est pas fautive»

Le représentant du parquet général parle d’une « affaire très tragique ». Il soulève que le médecin de garde a mis deux heures trente pour arriver à l’hôpital de Niederkorn  : « S’il avait été là à 22h30, il aurait vu la patiente dans un autre état. » Mais est-ce que cette arrivée tardive a entraîné la suite? Le parquet général se rapporte à la sagesse de la Cour d’appel.

L’avocat général constate que lors du premier procès deux experts ont été confrontés  : « Tous les deux sont restés sur leurs positions respectives. » « Pour faire droit au raisonnement de la partie civile, vous devriez écarter les conclusions d’un expert et en expliquer les raisons. Je vois mal comment vous pourriez dire que vous vous passez plutôt de l’un que de l’autre », considère le représentant du ministère public pour lequel le doute doit donc profiter au prévenu.

Il demande de confirmer le jugement de première instance, à savoir l’acquittement. « Le jugement est conforme à la jurisprudence en la matière , précise-t-il encore. Il y a erreur, mais elle n’est pas fautive. » Les experts n’auraient pas complètement élucidé la question de savoir si une opération d’urgence aurait pu éviter la mort de la patiente.

« Je regrette beaucoup ce qui s’est passé », a soulevé le prévenu au début de son audition hier. À l’époque, il n’aurait pas vu la grosse catastrophe telle qu’elle a été évoquée par l’un des deux experts : « Le ventre de la patiente était plat. Pour moi, il n’y avait pas signe nécessitant une opération directe. »

Le procès doit s’achever mercredi après-midi.

Fabienne Armborst

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