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Luxembourg : voleur d’airbags à bout de souffle


(Photo : Archives RL)

Le quadragénaire qui a comparu hier a des antécédents judiciaires dans toute l’Europe. Aujourd’hui, il risque cinq ans de prison ferme au Grand-Duché.

À pas moins de 66reprises, le prévenu s’est livré à des vols avec effraction dans des véhicules afin d’en soustraire les airbags et systèmes de navigation au Luxembourg. Dans son réquisitoire, le premier substitut a parlé d’«un professionnel qui savait comment s’y prendre pour commettre ces faits».

Les trois séries de vols qu’on lui reproche au Grand-Duché ont eu lieu en novembre 2013, février et mars 2014.

Âgé aujourd’hui de 42 ans, le prévenu d’origine polonaise avait été retrouvé grâce à son ADN détecté dans certaines des voitures cambriolées. C’est en octobre 2014 qu’il avait été extradé au Luxembourg. Auparavant, il était incarcéré à Metz pour des faits similaires.

Lors de son arrestation, la police avait saisi toute une série d’airbags, mais aussi le GPS de son propre véhicule. L’exploitation de cet appareil avait permis de donner des précisions sur la manière dont il avait procédé et de localiser plus ou moins en détail les lieux des cambriolages.

L’enquêteur en charge de l’affaire a parlé, hier matin, d’«une forme de criminalité plutôt rare au Grand-Duché, car ce type de vols ne rapporte rien en Europe de l’Ouest et centrale. En revanche, c’est un business fructueux en Europe de l’Est…» De nombreuses voitures accidentées sont transférées dans ces pays et remises en état par une main-d’œuvre à moindre coût. «Souvent, on y a donc besoin d’airbags, car il faut le remplacer après l’accident. Le GPS, quant à lui, peut donner de la valeur à un véhicule», note l’enquêteur.

Toujours d’après son rapport, la plupart de ces infractions se concentraient sur les voitures des marques Volkswagen, Peugeot et Citroën. «Les airbags volés ont la particularité d’être compatibles sur différents modèles tant par leur taille que par leur câble», a précisé l’enquêteur, en ajoutant qu’un simple tournevis suffisait pour les démonter en quelques minutes.

«Je n’avais pas de travail», a déclaré, hier, le prévenu aux juges. Même s’il est en aveux pour les faits, il conteste avoir fait partie d’une association et d’avoir opéré sur commande : «Je les ai moi-même apportés en voitureen Pologne. C’est moi qui les ai vendus sur des marchés d’autos. Le prix de vente d’un airbag se situait entre 30 et 40 euros.»

L’analyse de son propre GPS avait révélé que le quadragénaire s’était rendu à de nombreuses reprises au cimetière militaire américain à Hamm. «C’était pour me reposer», a-t-il expliqué, hier. Or pour le tribunal, cette déclaration ne colle pas avec les réservations d’hôtel au Findel qu’il a également faites pendant les différentes séries.

«Maintenant j’arrête, j’en ai assez», a indiqué le prévenu en réponse à la question du président de la chambre correctionnelle qui voulait savoir quand il avait l’intention de mettre fin à ces vols.

«Il travaillait sur commande»

Ce n’est en effet pas la première fois que le prévenu se retrouve devant un tribunal. Depuis 1998, il est connu par la police en Europe. En 2011, il a été condamné en Finlande pour le vol de 110 airbags. Il a également déjà été condamné en Italie. L’enquête a, par ailleurs, mis au jour le fait qu’en août 2013 le prévenu avait changé de nom. Alors qu’il a fini de purger sa peine en France, il vient d’écoper de 15 mois à Arlon, en Belgique.

«Mon mandant était convaincu d’avoir commis ces infractions dans un seul pays», a plaidé, hier, l’avocate à la défense du quadragénaire. Le fait est qu’il se retrouve aujourd’hui avec trois condamnations pour des faits identiques.

«De la multiplicité des faits, il résulte qu’il était un professionnel. Il savait ce qu’il voulait et comment le sortir», a résumé la représentante du parquet dans son réquisitoire. Elle est également convaincue qu’il a opéré au sein d’un groupement structuré : «Il savait exactement pour quelle marque il y avait une demande et ce qu’il pouvait écouler en Pologne.»

Selon le parquet, le parking du cimetière était là pour «écouler le butin : il y avait planification. Il travaillait sur commande.» Le parquet a fini par requérir cinq ans de prison ferme et une amende contre le prévenu. Les dix parties civiles, quant à elles, ont réclamé au total plus de 28 000 euros.

Le 15 octobre, le tribunal rendra son jugement.

Fabienne Armborst