Sur un site de rencontres, un trentenaire racontait des balivernes pour lier une relation avec une dame vulnérable.
La semaine dernière, un trentenaire domicilié à Pétange, mais disposant d’un deuxième domicile à Arlon, s’est présenté devant le tribunal correctionnel arlonais. L’homme, élégant, natif de Yaoundé au Cameroun, s’exprime avec beaucoup de facilité pour répondre aux questions du juge André Jordant. Il est accusé d’avoir reçu une somme importante d’une dame et de l’avoir dilapidé avec une intention frauduleuse, à des fins qui n’étaient pas prévues au départ.
Tout a débuté sur un site de rencontres, où une Luxembourgeoise et le prévenu ont entamé une relation sentimentale. La dame est une personne vulnérable, ayant perdu sa maman adoptive peu de temps auparavant, et à la recherche d’une grande histoire d’amour.
Pour sauver sa mère malade…
Lui se présente comme un ingénieur célibataire sans enfant, surchargé de travail, ce qui explique le peu de temps qu’il peut consacrer à la dame. Beau parleur, le trentenaire a apitoyé sa soi-disant dulcinée en lui demandant de l’argent pour payer une opération qui pourrait sauver sa maman restée en Afrique et souffrant d’un cancer. Plus de 100 000 euros ont été versés, alors qu’il n’a envoyé que 1 217 euros sur le compte de sa maman.
La victime a fini par déposer plainte. L’enquête a révélé que l’homme n’était pas ingénieur même s’il disposait de revenus importants, qu’il était marié et père d’enfants et qu’il fréquentait régulièrement des sites de rencontres, où il a lié des relations avec d’autres femmes.
Une escroquerie «caractérisée»
«C’est un vendeur de rêves qui a abusé de la naïveté d’une dame en détresse affective, indique Sarah Pollet, dans son réquisitoire pour le ministère public. Il savait que la victime venait de perdre sa maman des suites d’un cancer. Il a joué sur la corde sensible en évoquant le cancer de sa maman et l’opération qu’elle ne pouvait pas obtenir faute d’argent. Or cette dame n’a subi qu’une opération, bien avant qu’il ne rencontre celle dont il a profité. C’est de l’escroquerie caractérisée.»
Sarah Pollet a requis dix mois de prison, une peine d’amende et la confiscation de la voiture qui a servi aux rencontres du couple. Elle ne s’opposera pas à un sursis probatoire, vu que le prévenu a commencé à rembourser la somme objet du préjudice.
Pour la défense du prévenu, Me Marc Kauten estime qu’il s’agit d’une histoire d’amour qui a mal tourné et que lorsqu’il y a séparation, les affaires d’argent sont toujours compliquées. «Comment savoir, s’interroge l’avocat, si cet argent correspond à une donation, une aide ou s’il s’agit d’une escroquerie ? Vu que mon client a remboursé 60 000 euros, je vous demande de prononcer une peine de travail et de ne pas suivre le réquisitoire du ministère public au niveau de la confiscation de la voiture.»
Le jugement sera rendu le 22 décembre.