Entre 2008 et 2014, un enquêteur de la police judiciaire avait profité de taxes d’interprète fictives. Le tribunal correctionnel a rendu ce jeudi matin son jugement. Sur le banc des prévenus l’accompagnaient son épouse, son ex et deux amis.
«Il voulait mener une vie pour laquelle il ne gagnait pas assez. Il a profité de sa place et de sa fonction pour commettre diverses infractions.» La représentante du parquet avait requis au minimum quatre ans de prison et une amende conséquente contre l’ex-enquêteur de la police judiciaire. Des réquisitions que la 12e chambre correctionnelle a suivies dans les grandes lignes.
Ce jeudi matin, Daniel M., âgé aujourd’hui de 40 ans, a été condamné à quatre ans de prison ainsi qu’à une amende de 5000 euros. L’intégralité de la peine est assortie du sursis. À l’ouverture de son procès mi-mars, le quadragénaire y était allé cash. «Je me suis retrouvé dans un cercle vicieux. À l’époque, je vivais au-dessus de mes moyens. J’ai pris le chemin le plus simple, comme j’avais affaire au quotidien avec des réquisitions d’interprètes», avait-il relaté face aux juges.
Les collègues alertés par la disparition de la cagnotte
Il prenait des fausses heures, il les attribuait à un vrai dossier et il les faisait ensuite payer par le ministère de la Justice. Un peu plus de 21 000 euros ont ainsi atterri sur le compte en banque de sa femme. Elle a encaissé des taxes d’interprète pour des prestations qu’elle n’a pas faites. Car elle a été payée sur la base de documents falsifiés. Avec ce même petit jeu, il a aussi fait parvenir 8 664 euros à son ex-femme entre septembre 2013 et juin 2014. C’était sa solution pour payer la pension alimentaire de leur fille.
À côté des taxes d’interprète fictives où l’enquêteur a par ailleurs contrefait plus d’une signature, dont celle d’un collègue… il y a eu la falsification des fiches de salaire pour obtenir un prêt. En raison de la saisie sur son salaire, il lui restait en effet 1 505 euros par mois.
Toujours pour l’argent, il y a eu la disparition de la caisse de la loterie du FC Titus Lamadelaine comportant 2 500 euros et celle de la cagnotte du bureau à la police judiciaire avec les 600 euros censés financer le cadeau du départ à la retraite du chef. C’est d’ailleurs cette dernière qui avait éveillé la soupçons des collègues.
Les cocktails à Bora Bora, la Rolex et le sac Chanel…
«Il s’en est servi pour payer ses cocktails lors de ses vacances à Bora Bora», avait soulevé la parquetière. Dans son réquisitoire, elle avait également cité la montre Rolex achetée pour 9 000 euros et un sac à main de la marque Chanel de 2 200 euros découverts lors d’une des perquisitions.
L’épouse (34 ans) et l’ex-femme (44 ans) du quadragénaire écopent toutes les deux de 12 mois de prison avec sursis ainsi que d’une amende : 2000 euros pour l’une et 1000 euros pour l’autre. Pour le parquet, elles étaient à considérer comme complices ou coauteurs des faux. Tout comme les deux amis (39 et 40 ans) qui l’accompagnaient sur le banc des prévenus. Ils avaient également perçu l’un ou l’autre virement sur leur compte. Ils s’en sortent avec une simple amende de respectivement 2000 et 1000 euros.
Aujourd’hui, Daniel M. ne travaille plus dans la police. «J’ai payé toutes les dettes et remboursé tout le préjudice à l’État», avait-il fait savoir aux juges.
Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel contre le jugement.
Fabienne Armborst