Par tous les moyens, une mère avait tenté d’approcher sa fille placée dans un foyer fin 2017. Elle avait notamment menacé un éducateur par téléphone.
«Pour elle, le foyer était méchant. C’était le diable qui ne la laissait pas aller voir sa fille.» Les premiers faits reprochés à la prévenue de 42 ans remontent au mois de novembre 2017. Par tous les moyens, cette mère avait tenté d’approcher sa fille placée à l’époque dans un foyer dans le centre du pays. «Quand elle a arrêté de prendre ses médicaments, cela a commencé», récapitule Me Annemarie Theis. Selon l’avocate, la quadragénaire souffrait à l’époque d’une véritable abolition du discernement en raison de sa psychose : «Il y a une force qui est survenue en elle. Elle lui a dit de sauver sa fille en danger. Elle n’avait aucune emprise là-dessus.»
«Dites-lui que si quelque chose arrive à ma fille, je ne vais pas le rater. C’est son arrêt de mort.» Voilà l’une des menaces qu’elle avait proférées à l’égard d’un éducateur du foyer. C’était fin novembre, un soir, au téléphone. Elle venait d’apprendre que sa fille, à qui elle voulait parler, était partie au cinéma avec d’autres jeunes en compagnie de l’éducateur.
«Tout cela, c’était dans mon état de psychose»
Trois semaines plus tard, elle s’était directement rendue sur le site du foyer. Les stores étaient baissés. Au moyen d’un parapluie et d’un morceau de bois, elle s’était attaquée à la structure. Toujours dans le but de voir sa fille. La femme reconnaît les dégâts. «Tout cela, c’était dans mon état de psychose, explique-t-elle. J’avais rêvé qu’un des éducateurs avait violé ma fille…»
Vu son comportement, cela s’est terminé par un retrait de son droit de visite. Début janvier, elle avait ensuite giflé l’attachée à la direction du lycée que fréquentait sa fille. La quinquagénaire, qui a eu une incapacité de travail de six jours, venait de l’informer qu’elle n’avait pas le droit de voir sa fille. «Je ne l’ai pas écoutée. Et j’ai commencé à fouiller dans toutes les classes», se souvient la prévenue.
Son explication est toujours la même : «Ce sont les crises psychiatriques dont je souffre depuis cinq ans.» Même refrain pour les menaces verbales proférées à l’encontre d’une femme dans un bus à Clausen: «Si quelque chose arrive à ma fille, je vous couperai avec une lame au visage et ceci petit à petit.» Elle nie les menaces de mort.
Parmi les cinq dossiers dont s’est saisie, jeudi matin, la 7e chambre correctionnelle figurent également les coups à l’égard de son employeur. À son supérieur hiérarchique, la quadragénaire avait porté deux coups de poing au visage et un coup au tibia. «Je ne sais pas ce qui m’a pris à l’époque», déclare celle qui travaillait dans la cuisine à l’hôpital.
«Je m’engage à me soigner»
Tout cela s’est arrêté au mois de janvier 2018 quand elle a été hospitalisée et a repris son traitement. «Je m’engage à faire des injections pour me soigner et accepter les conditions du foyer.» Voilà le fin mot de la prévenue à la barre. Le seul fait qu’elle conteste ce sont les violences à l’égard d’une amie de 13 ans de sa fille place de Paris. «C’est une enfant que j’apprécie beaucoup. Je ne lui aurais jamais fait du mal», dit-elle.
Si Me Theis a demandé une suspension du prononcé pour sa cliente (ce qui signifierait que sa culpabilité serait constatée, mais aucune peine prononcée), le parquet estime qu’on ne peut pas contourner une peine d’emprisonnement. Vu la pluralité des faits commis dans ce laps de temps de deux mois, il requiert douze mois de prison assortis d’un sursis probatoire avec l’obligation de suivre des soins réguliers. «Dans le dossier, il n’y a aucun certificat permettant de retenir l’altération ou l’abolition de son discernement», constate son représentant. Il ajoute : «Si le tribunal estime qu’il y a suffisamment d’éléments allant dans ce sens, le parquet demande de retenir les infractions et d’ordonner une expertise psychiatrique.»
Prononcé le 19 avril.
Fabienne Armborst.