À bout de souffle financièrement, un jeune toxicomane volait des deux-roues. Avec ce butin, il se payait sa dose. Il n’a pas échappé à l’étape du tribunal.
«De ce qui ressort du dossier, vous semblez avoir une prédilection pour les vélos électriques.» En face des juges jeudi après-midi, ce n’était pas un voleur qui avait envie de se dégourdir un peu les jambes. Mais un jeune homme de 23 ans qui raconte tout simplement avoir perdu les pédales dans le milieu de la drogue. Sans travail ni logement à l’époque, difficile de financer sa dose de cocaïne. Voilà pourquoi il s’était mis à voler des deux-roues. Et à entendre la présidente qui a vu les photos des objets volés, il ne prenait pas n’importe lesquels : «C’étaient plutôt de belles pièces!»
«C’est une variante. D’habitude c’est le cash et les portables qui sont échangés contre de la drogue. Mais qui donc achetait ces vélos?, s’est intéressée la présidente.
– Les gens du milieu dans le quartier de la Gare…»
Le dossier ne dit pas si les vélos électriques ont par la suite aidé les dealers à échapper plus vite à la police… Toujours est-il que, pour le jeune voleur, il n’y a pas eu de belle échappée. Aujourd’hui, il se retrouve face à la justice.
Le jeune prévenu n’avait jamais pédalé bien loin. À Bereldange début juillet 2019, il a même été arrêté en flagrant délit en train jouer au mécanicien au sous-sol d’un immeuble. Dans un premier garage, il avait trouvé une perceuse et l’outillage avec lequel il était en train de forcer le cadenas attaché au mur quand il a été surpris par un témoin. Grâce aux caméras de vidéosurveillance la police l’avait identifié comme l’auteur de la disparition d’un autre vélo électrique d’une valeur de quelque 1 600 euros fin juin.
Les traces ADN sur la trottinette
À la barre jeudi, plus aucun souvenir de ce vélo dans la rue Münster dans le Grund près de l’abbaye. Même refrain pour celui qui avait disparu fin avril 2019 dans un garage à Strassen. Pourtant son ADN a été retrouvé sur la trottinette restée sur place.
Pendant l’été 2019, il est passé l’étape case prison après avoir de nouveau été arrêté en flagrant délit dans une cave, rue de Bonnevoie. Un témoin l’avait aperçu en train de quitter les lieux avec son butin : un vélo, une télé et un sac. À la suite de ces trois mois de détention préventive, le prévenu raconte avoir réussi à remonter la pente. Il avait même retrouvé un boulot en février dernier dans une entreprise de toiture. Mais c’était de courte durée, car mi-mars avec le confinement tout s’est arrêté. Ce qui fait que dans la nuit du 11 au 12 mai, rue de Strasbourg, il s’est remis à voler. Cette fois-ci pas de vélo, mais de la Grappa et quelques outils. Identifié par la vidéosurveillance, il redort donc depuis mi-juin à Schrassig.
«Il y a encore d’autres affaires qui vous attendent?», l’interrogera la présidente après avoir fait le tour des six dossiers. Le premier c’était le vol début janvier 2019 de trois pantalons, d’un sac à dos, d’une veste dans une enseigne Grand-Rue suivi du vol d’une paire de chaussettes et de neuf pantalons dans un autre magasin avenue de la Gare.
– Normalement c’est tout.»
La représentante du parquet avait fait le calcul : «14 faits en un an.» Elle réclamera 24 mois de prison contre le prévenu. Comme il a indiqué suivre une thérapie pour soigner sa toxicomanie, elle ne s’oppose pas à ce qu’une partie de sa peine soit assortie d’un sursis probatoire. À condition qu’il ne mette plus les pieds dans le milieu de la drogue.
Il y a eu deux constitutions de parties civiles d’une valeur totale d’un peu plus de 2 500 euros pour la disparition de deux vélos. La 13e chambre correctionnelle rendra son jugement le 15 octobre.
Fabienne Armborst