En répétant cette démarche systématiquement, la prévenue avait réussi à encaisser plusieurs milliers d’euros.
Trente-six mois de prison ferme et une amende, c’est la peine que le parquet a requise, hier matin, contre la quinquagénaire poursuivie, notamment, pour proxénétisme, escroquerie et abus de confiance. «J’estime que ma mandante n’a pas voulu être proxénète, mais encaissait l’argent pour payer ses dettes», a soulevé Me Arnaud Ranzenberger dans sa plaidoirie. La prévenue, âgée aujourd’hui de 50 ans, ne s’est pas présentée devant la chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement.
Selon l’enquête, elle a hébergé et accueilli des prostituées dans une maison, route de Thionville, à Luxembourg, en employant des manœuvres frauduleuses. L’enquête a en effet permis de révéler qu’en mars 2009 la prévenue avait vendu l’immeuble en question. «Nous avons acheté la maison pour réaliser un projet immobilier, a confirmé hier l’agent immobilier à la barre. On avait un accord selon lequel qu’elle pouvait rester encore quelques mois dans son studio avant la réalisation des travaux.» Mais la prévenue en aurait profité pour continuer à louer les appartements. Au moment du contrôle de police en 2010, le rez-de-chaussée et le premier étage étaient ainsi occupés par des prostituées. Et quand ses locataires déménageaient, elle refusait de leur rendre leur caution.
Elle se présente après un mandat d’arrêt
«C’était assez dur de joindre Madame. C’est seulement à la suite d’un mandat d’arrêt européen qu’elle s’est présentée», a témoigné, hier, le commissaire en chef de la police en charge de l’affaire.
Le parquet reproche à la prévenue, par ailleurs, d’avoir loué un appartement qui ne lui appartenait pas, à Bonnevoie. Enfin, pour faire croire à sa volonté de louer son appartement rue de Merl, elle avait inséré une annonce dans le journal Luxbazar. Afin de convaincre sa victime de louer cet appartement, elle affirmait que plusieurs personnes intéressées s’étaient déjà présentées et qu’il fallait vite payer la caution. Mais en réalité, l’appartement était déjà loué ou allait être loué par une autre personne.
«Le mode opératoire est presque toujours le même. Elle organise des visites d’appartement. Elle fait sa mise en scène pour que les gens versent la caution et ensuite elle disparaît dans la nature», a résumé hier la représentante du parquet.
Dans son réquisitoire, elle a également soulevé le grand préjudice causé aux parties civiles. Les sommes réclamées aujourd’hui par ces dernières s’élèvent à plus de 20 000 euros. Le tribunal rendra son jugement le 15 octobre.
Fabienne Armborst