Alcoolique, Andrzej est une nouvelle fois admis aux urgences. Ce soir-là, il s’attaque à sa voisine de chambre. Il a été condamné à de la prison ferme, mercredi.
Le destin fait plus ou moins bien les choses. Avec Andrzej et sa victime, il n’a pas été clément. Les juges non plus. Ils ont condamné Andrzej à une peine de 3 ans de prison ferme, aux frais de sa poursuite pénale pour viol et attentat à la pudeur ainsi qu’à payer la somme de 5 000 euros de dommages et intérêts à la victime et l’euro symbolique aux parents de la jeune fille. La présidente de la 13e chambre avait estimé, le 12 mai, qu’il était «un danger pour la société» étant donné qu’il a reconnu à la barre «être capable de tout quand il est bourré». «Mais cela ne lui est jamais venu à l’idée de se faire aider», avait-elle ajouté.
L’amnésie mise en doute
La question centrale du procès était de déterminer si Andrzej, interné depuis un an en secteur fermé de la prison de Schrassig, était conscient de ses actes au moment où il s’est attaqué à sa victime. Lui dit ne plus se souvenir de rien du tout. Tactique de défense ou vérité ? L’expert psychiatre appelé à la barre estime que cette amnésie n’aurait pas d’impact sur les capacités de discernement du prévenu au moment des faits et que ce type d’amnésie complète serait relativement rare en cas d’alcoolisation.
En général, les souvenirs reviendraient par bribes. L’expert avait également évoqué sa détermination à commettre les faits et avait conclu à une altération du discernement d’Andrzej au moment des faits. Il n’a pas décelé d’indices de pédophilie ou de perversité chez le prévenu, mais une dépendance à l’alcool, des traits psychotiques et une faiblesse cognitive due à une encéphalopathie combinée aux effets de crises d’épilepsie et de delirium tremens lors de sevrages.
Le représentant du ministère public avait estimé que les éléments qui ne permettent pas de contester les faits étaient nombreux et Andrzej lui-même ne les contesterait pas. Le parquetier doutait fortement de l’amnésie et de l’altération du discernement. Il avait donc estimé que les infractions libellées contre le prévenu pouvaient être retenues contre lui et avait requis une peine de 4 ans de prison ferme. Andrzej n’est pas accessible à du sursis étant donné des condamnations à son casier judiciaire international. La famille de la victime s’était portée partie civile et avait demandé 15 000 euros de dommages et intérêts pour la jeune fille.
Entouré des deux policiers qui l’escortaient depuis le centre pénitentiaire, un Andrzej visiblement fatigué a à nouveau demandé pardon à la victime.
Sophie Kieffer