Lors d’une rixe sanglante à la sortie d’un café dans le quartier Gare en 2019, une trentenaire avait avait dû subir 15 points de suture. Jeudi, la chambre criminelle a condamné le prévenu à 20 mois de prison, dont 6 mois avec sursis. La tentative de meurtre n’a pas été retenue.
À vie, elle restera marquée par cette rixe sanglante du 28 février 2019, peu après 1 h. Blessée au visage à la sortie d’un café avenue de la Gare à Luxembourg, la victime, âgée alors de 37 ans, avait terminé à l’hôpital. Bilan : 15 points de suture. La cicatrice sur sa joue droite est toujours visible. Étant dissimulée par le masque qu’elle portait pour l’audience – crise sanitaire oblige –, la trentenaire avait ôté celui-ci durant quelques secondes, le temps de montrer sa cicatrice aux juges.
Une expertise médico-légale, qui aurait pu déterminer l’origine exacte de la blessure, fait défaut dans ce dossier. «En l’absence d’un tel rapport, on ne peut pas retenir à l’abri de tout doute qu’il y a eu un couteau», avait plaidé Me Lynn Frank. Pour l’avocate, le doute devait profiter au prévenu.
Qu’il a frappé la victime, le prévenu de 26 ans ne l’avait pas contesté à la barre. Il reconnaissait aussi lui avoir donné des coups de pied quand elle était au sol. Mais jamais n’aurait-il porté de coup de couteau. «Je n’ai pas coupé son visage», avait-il insisté face aux juges. Un couteau qui n’a d’ailleurs jamais été retrouvé par la police. A-t-il éventuellement été emporté? Ou ramassé le lendemain entre les chaises empilées par une serveuse, comme dit l’avoir entendu une amie de la victime… La nuit des faits, la caméra de vidéosurveillance du café ne fonctionnait pas. C’est donc les différentes déclarations que la 9e chambre criminelle avait décortiquées à l’audience fin avril.
Plus de 2 g d’alcool dans le sang
Le déroulement exact de l’altercation était loin d’être clair. Et la version de la victime ne collait pas tout à fait avec celle du prévenu… Avec ses plus de 2 g d’alcool dans le sang, il ne cachait toutefois pas avoir «perdu la tête» : «Je l’ai frappée parce qu’elle ne me laissait pas tranquille. C’est pas joli ce qui s’est passé, j’ai honte.» Mais son explication pour la coupure était la suivante : «C’est le verre d’une bouteille Super Bock qu’elle tenait en main…»
Ce sur quoi le parquet pouvait s’appuyer, c’étaient une photo de la blessure et le certificat médical d’incapacité de travail de cinq jours de la victime. Insuffisant pour «retenir à l’abri de tout doute l’intention de donner la mort». Au lieu de la tentative de meurtre, le parquetier avait donc demandé de retenir l’infraction des coups et blessures volontaires ayant causé une incapacité de travail. Car il estimait que le prévenu est bien l’auteur du coup de couteau. «L’amie a clairement dit qu’il tenait un couteau dans la main.»
Au moment des faits, il se trouvait sous contrôle judiciaire – avec interdiction de fréquenter des cafés – après avoir bénéficié d’une mise en liberté quatre mois plus tôt. Il n’en est pas à sa première affaire pour agression au couteau, avait aussi noté le parquetier dans son réquisitoire.
La victime se voit allouer 4 000 euros
Jeudi après-midi, le jeune homme actuellement détenu à Schrassig a finalement été condamné à 20 mois de prison, dont 6 mois avec sursis. La chambre criminelle n’a pas retenu la tentative de meurtre. Enfin, il doit indemniser la victime, qui s’était constituée partie civile, à hauteur de 4 000 euros. À cela s’ajoute une indemnité de procédure de 350 euros. Toutes les parties ont la possibilité d’interjeter appel contre le jugement.
Fabienne Armborst