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Licencié, il se venge en harcelant la famille de son ex-patron


Le tribunal de Luxembourg rendra son jugement le 14 janvier prochain. Le prévenu risque quatre ans de prison. (photo F.A.)

Après avoir été licencié, un quinquagénaire avait harcelé de façon répétée la famille d’un responsable de la société et lancé des accusations mensongères. Il risque quatre ans de prison.

«Ce n’est pas un désir de justice, mais un désir de vengeance. Il veut briser les gens qui lui ont donné tort.» Pour le premier substitut, Laurent Seck, le prévenu âgé aujourd’hui de 57 ans a clairement voulu prendre sa revanche après avoir été licencié en 2006.

Les premiers faits que le parquet reproche à cet habitant de Roussy-le-Village remontent à l’année 2009. Trois ans après avoir été licencié, il avait commencé à envoyer une quantité de courriels en répandant notamment l’accusation que la société allait faire faillite. «Ils sont en train de faire faillite. C’est une calomnie dont on ne peut pas se défaire facilement », a plaidé, mercredi, Me Rosario Grasso, représentant les parties civiles. Il réclame un total de 25 000 euros de dommages et intérêts.

Après cette première série de calomnies (2009, 2010, 2012), le quinquagénaire avait été placé sous contrôle judiciaire. Fin 2014, il avait toutefois récidivé en lançant de nouvelles accusations mensongères à l’égard de plusieurs personnes où il était question de viol et d’attouchements sexuels. Dans son réquisitoire, le premier substitut a parlé, mercredi, d’une « intention très clairement méchante ». Il a, par ailleurs, qualifié le prévenu de « quelqu’un de très dangereux ». Car non seulement il aurait agi en connaissance de cause, mais il aurait également ciblé l’entourage de la personne à laquelle il voulait nuire.

« Il téléphone à énormément de gens en lançant des rumeurs. Les personnes vont nécessairement confronter les victimes à ses rumeurs », a-t-il récapitulé. Pour le parquet, à côté des infractions de calomnie, diffamation et port public de faux nom, il y a bien eu un harcèlement obsessionnel.

À la barre, le prévenu, actuellement placé en détention provisoire, a expliqué, mercredi, que ses actes étaient motivés par le fait qu’il n’a pas eu raison dans le litige devant le tribunal du travail : «L’ouverture du dossier judiciaire, c’est tout ce que je voulais .» Aux juges, il a, par ailleurs, affirmé : « Je souhaite réellement arrêter et me réinsérer socialement .»

Une affirmation que les juges ont toutefois du mal à croire. « On a l’impression qu’aujourd’hui vous n’avez pas changé du tout », l’a interpellé le président de la 12e chambre correctionnelle, Marc Thill, après que le premier substitut a soulevé que depuis qu’il est en prison, il a déposé pas moins de sept plaintes. Une d’entre elles concerne la famille qu’il a importunée pendant les dernières années.

«Il s’obstine à vouloir se venger»

Pour le parquet, il est clair que le prévenu «est toujours dans l’intention de vouloir se venger du mal qui lui a été fait en 2006 ». Il a donc fini par requérir 48 mois de prison, dont 24 mois ferme et 24 mois assortis d’un sursis probatoire. Selon le parquet, le prévenu doit non seulement se faire soigner, mais également se tenir éloigné et ne plus importuner la famille ainsi que ses connaissances.

Au début de la séance, le tribunal a entendu l’expert psychiatre qui a examiné le quinquagénaire en 2012 ainsi qu’en 2015 après sa rechute. Il a noté que le prévenu avait déjà connu des problèmes psychiatriques à partir de 1995. Après avoir tiré avec le fusil sur le bureau de son ancien associé, il avait été condamné en 1997 à six mois de prison. Or, selon l’expert, après 2005, il n’a plus eu aucun suivi psychiatrique.

Lors du premier examen en 2012, l’expert n’a pas constaté d’altération du discernement du quinquagénaire. En 2015, son état se serait toutefois plus rapproché de celui décrit en 1997. Voilà pourquoi, selon l’expert, il y a lieu d’appliquer l’article 71-1. Cet article retient qu’au moment des faits, le prévenu était atteint de troubles mentaux ayant altéré son discernement.

Or selon le premier substitut, cet article ne s’applique pas : « Il est obtus, il s’obstine à vouloir se venger, à trouver de nouvelles voies. À mon avis, ce n’est pas une maladie mentale .» Le 14 janvier, le tribunal rendra son jugement.

Fabienne Armborst