Le procès en appel de l’ex-prof du LTB, condamné fin juillet dernier en première instance à 8 ans de prison intégralement assortis du sursis, a débuté mardi.
«La peine est légale et adaptée. Elle tient compte de l’attitude du prévenu qui s’est soumis à un traitement psychiatrique.» À entendre la représentante du parquet général mardi après-midi, les huit ans de réclusion avec sursis prononcées à l’encontre de l’ex-prof du lycée technique de Bonnevoie (LTB) poursuivi notamment pour avoir eu des relations sexuelles avec des adolescents âgés entre 15 et 17 ans dont il avait fait connaissance sur des sites de rencontres pour homosexuels sur internet, sont à confirmer.
Sur une période de cinq ans, 13 victimes avaient pu être identifiées. Le quadragénaire a également été condamné pour avoir incité les mineurs à la prostitution en les payant pour leurs services. Un des garçons n’avait pas atteint l’âge de 16 ans au moment des faits. Il ne pouvait donc donner son consentement. C’est donc le viol qui a été retenu. En le plaçant sous le régime du sursis probatoire, les premiers juges ont obligé le quadragénaire à se soumettre à un traitement en relation avec ses tendances. Tout ce que le parquet général demande en plus à la Cour d’appel c’est une interdiction à vie d’exercer une activité professionnelle, bénévole ou sociale impliquant un contact habituel avec des mineurs. «Il ne faut pas oublier que quand il a commis les faits, il travaillait comme professeur.»
À la barre mardi, le prévenu de 47 ans a exprimé ses regrets. Il s’est dit d’accord avec quatre cinquièmes des reproches, mais a du mal avec le viol. «Celui qui me connaît sait que le viol ne correspond pas à ma personnalité.» Et d’ajouter : «Je ne savais pas que le garçon avait moins de 16 ans.» C’est un peu la raison qui l’a poussé à interjeter appel dans cette affaire.
Les larmes de mère de la victime
Le jeune homme, qui avait déposé plainte pour viol, s’était suicidé en juin 2019. Sa famille est la première à avoir fait appel. On se souvient des mots de la mère après le premier jugement : «Mon fils est parti, ma souffrance est restée.» Présente à l’audience mardi, elle a une nouvelle fois quitté la salle en pleurs quand Me Philippe Stroesser, l’avocat de la famille a abordé la souffrance et la déchéance de son fils. En première instance, les parents et les cinq frères et sœurs de la victime s’étaient vu allouer un total de 3 000 euros de dommages et intérêts. Hier, l’avocat a sollicité une somme plus élevée pour les parties civiles au titre du préjudice moral pour avoir vu la déchéance de la jeune victime. Face aux magistrats, le prévenu a fait part de son souhait de faire une médiation avec la famille. «Jusqu’à ce jour, il n’a pas fait un pas dans ce sens. Il n’a pas non plus fait de proposition de règlement», a constaté Me Stroesser.
Suite et fin des débats vendredi matin. À titre exceptionnel, la Cour d’appel a fait droit à la demande de la défense que le parquet général tienne son réquisitoire avant les plaidoiries.
Fabienne Armborst