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Leudelange : l’ouvrier était mort dans la cheminée à 60°C


L'ouvrier de 38 ans est mort dans la cheminée du site d'incinération des déchets de Leudelange. (photo archives LQ)

Le procès de l’accident de travail mortel survenu dans la cheminée du Sidor de Leudelange en juillet 2009 a repris, mardi matin.

Le 27 juillet 2009, un homme de 38 ans trouvait la mort dans la cheminée du site d’incinération des déchets du Sidor à Leudelange. L’employé, qui travaillait pour une firme allemande, était en charge des travaux de maintenance sur la cheminée de près de 80 mètres. Il avait pour mission de remplacer six ampoules pour l’éclairage d’avertissement de la cheminée et de vérifier le paratonnerre.

Pendant ces opérations en hauteur, il était en contact régulier avec un collègue resté à terre. D’un seul coup, ce dernier n’avait toutefois plus reçu de réponse et avait donné l’alerte. L’employé était décédé après l’arrivée des secours.

Huit prévenus comparaissent devant la 13 e chambre correctionnelle, dont le directeur technique de l’installation d’incinération de déchets Sidor, le chef de production et un responsable en matière de la sécurité du travail, ainsi que le directeur et un responsable de la sécurité de l’entreprise allemande en charge des travaux de maintenance.

Leur procès s’était une première fois ouvert il y a 15 mois. Mais au cours des débats, il s’était avéré que le médecin légiste ayant effectué l’autopsie de la victime ne disposait pas de tous les éléments pour clarifier la cause de la mort. Une expertise supplémentaire lui avait donc été commandée. Depuis, le tribunal a changé de composition. Ce qui l’oblige donc à réentendre aujourd’hui l’ensemble des experts et témoins.

Selon l’expert entendu mardi, au moment de l’accident, la température de l’air dans la cheminée devait tourner autour des 60 °C. « On se trouve aux limites du corps humain », commente l’expert. Il précise encore que le seul fait de monter à l’échelle constitue une activité physique fatigante (même si la centrale n’est pas en marche).

Il devait monter à une échelle de 160 marches

Pour effectuer les travaux de maintenance en haut de la cheminée, l’employé de la firme allemande devait en effet parvenir au sommet d’une échelle verticale de 160 marches.

Le jour de l’accident mortel, il faisait 28 °C à l’extérieur. Mais même avec 18 °C, cela n’aurait pas fait une grande différence au niveau de la température de l’air dans la cheminée, selon l’expert : « On se trouve dans un espace restreint. La chaleur émanant des tuyaux reste toujours la même .» Il ajoute qu’avec une température de 60 °C et un tel effort physique, le corps humain perd 1,2 litre par heure.

L’enquête révèle, par ailleurs, que depuis 2004, c’était la septième fois que l’entreprise allemande intervenait sur le site à Leudelange. Ce n’était pas non plus la première fois que l’usine d’incinération de déchets était en activité, alors que des travaux de maintenance étaient effectués. Mais selon l’enquêteur, un collègue de la victime, qui s’était déjà rendu dans le passé sur le site, a témoigné que le jour de « l’accident, la température était plus élevée que d’habitude ». Les exploitants de l’installation Sidor à Leudelange, quant à eux, avaient indiqué lors de leurs dépositions respectives ne pas être les spécialistes de la cheminée.

Au total, huit audiences sont prévues pour ce procès. Ce mercredi après-midi seront entendus le médecin légiste et un témoin de la défense.

Fabienne Armborst