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Les prévenus étaient prêts à tout pour obtenir des médicaments


Daniel souhaite suivre une thérapie pour se libérer de ses traumatismes et de ses dépendances.

Daniel et Hassan ont un point commun : ils sont accros aux médicaments et prêts à tout pour en obtenir. L’un vole pour en acheter dans la rue et l’autre utilise de fausses ordonnances.

Le parcours de Daniel, personne n’en voudrait, selon son avocat. Pas même le prévenu. Maltraité dans l’enfance, mal aimé dans l’adolescence, le jeune quadragénaire a grandi tout seul de foyers en institutions psychiatriques avant d’atterrir dans la rue à sa majorité et de passer plusieurs fois par la case prison, a résumé Me Pim Knaff hier après-midi. À 13 ans, Daniel est tombé dans l’alcool et, à 18 ans, il avait fait le tour de toutes les substances psychotropes.

Aujourd’hui, il ne demande qu’à s’en sortir. C’est pourquoi il a demandé à la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, devant laquelle il comparaissait, de le condamner à une peine de prison la plus courte possible afin qu’il puisse suivre une thérapie pour se libérer de ses traumatismes et de ses dépendances. «Je ne m’en sortirai pas sans une aide professionnelle.»

Hier après-midi, il était jugé dans le cadre d’un vol à l’aide de violences dans le but de fiancer sa dépendance aux médicaments. «J’étais sous influence. J’ai sonné à la porte de ce monsieur pour lui demander de l’argent», reconnaît Daniel, contrit.

L’homme a refusé de lui remettre la somme demandée. «Il m’a traité de toxicomane. Je l’ai poussé à l’intérieur de son domicile, j’ai fermé la porte derrière nous, je lui ai donné un coup de poing au visage et j’ai pris l’argent», résume le prévenu.

«À la lecture de votre casier judiciaire, on constate que ce n’est pas la première fois que vous commettez des vols pour satisfaire votre dépendance», constate le président. «Je me suis souvent retrouvé face à des tribunaux et souvent en taule», confirme le petit homme abîmé par la vie dont le casier judiciaire comporte quatre pleines pages.

Ce qui le prive de toute possibilité de sursis. Pour sa défense, son avocat a évoqué la pression irrésistible de consommer des substances illicites et expliqué «qu’il est prêt à tout» pour satisfaire «cette dépendance physique et psychique».

Daniel regrette d’avoir dû en arriver à de telles extrémités et promet de tenter de s’en sortir «de toutes mes forces». Le parquet a requis une amende appropriée et une peine de 24 mois de détention pour «ce home-jacking très brutal».

«Les faits sont simples, mais graves» étant donné «les blessures très sérieuses» et aggravés par le fait d’avoir été commis après la tombée de la nuit au domicile de la victime.

Le prononcé est fixé au 7 juin prochain.

Un service
à un ami

Hassan, 20 ans, est, lui aussi, dépendant aux médicaments. Ce Marocain est accusé d’avoir tenté d’obtenir du Lyrica, un analgésique utilisé principalement dans le traitement des douleurs neuropathiques, en présentant une fausse ordonnance médicale dans une pharmacie de Luxembourg-Ville. Il conteste avoir agi en connaissance de cause. Son avocat, Me Says, a plaidé en faveur de son acquittement.

Le 28 avril 2023, Hassan s’est présenté à la pharmacie du Globe avec son certificat. Il l’a remis à une pharmacienne qui a immédiatement émis un doute quant à l’authenticité du document. Hassan a alors quitté l’officine en laissant l’ordonnance entre les mains de la plaignante.

«Je n’avais aucune idée qu’il s’agissait d’un faux. J’ai eu peur. J’ai seulement voulu rendre service à un ami. J’ai été manipulé», affirme le prévenu en détention préventive dans le cadre d’une autre affaire. En échange de ce service, le jeune homme devait recevoir la moitié des médicaments. «J’étais dépendant à l’époque.»

«J’avais accompagné cet ami à plusieurs reprises dans des pharmacies. Il remettait toujours ses ordonnances et obtenait toujours ses médicaments contre de l’argent liquide. On ne lui a jamais demandé de s’identifier», affirme-t-il à la barre de la 9ᵉ chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Sa présidente lui répond que la pharmacienne a assuré que ce n’était pas la première fois qu’il se présentait à elle avec une fausse ordonnance. Hassan n’a pas répondu et a préféré s’en tenir à sa version.

Le médecin dont le nom figurait sur le document falsifié a confirmé ne pas avoir délivré l’ordonnance. La signature y figurant n’était pas la sienne et il affirme ne jamais prescrire ce médicament aux doses demandées. Cependant, le parquet n’est pas en mesure de confirmer que le prévenu est l’auteur du document frauduleux.

Sa représentante a toutefois estimé qu’Hassan savait qu’il s’agissait d’un faux au moment de l’utiliser, contrairement à ce qu’il prétend. Elle a requis une peine de 18 mois de prison à l’encontre du jeune homme pour usage de faux.

Me Says a plaidé en faveur d’un acquittement total de son client à titre principal et d’une peine inférieure à 18 mois assortie du sursis intégral à titre subsidiaire si Hassan devait être reconnu coupable.

Le prononcé est fixé au 27 juin prochain.