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L’enquête accable le prévenu


La maman de la victime présumée a longtemps pensé que le prévenu aimait sa fille. (Photo : archives lq/julien garroy)

Saïd est suspecté d’avoir séduit une jeune femme pour profiter de son patrimoine. Le prévenu nie les faits. Pourtant, l’enquête dégage un portrait peu flatteur du jeune homme.

Depuis trois jours, Saïd est décrit par les personnes impliquées dans l’enquête comme un affabulateur et un manipulateur qui n’hésite pas à se faire passer pour ce qu’il n’est pas pour obtenir ce qu’il n’a pas. Le trentenaire est soupçonné d’avoir maintenu son ancienne compagne sous emprise pour profiter de ses moyens financiers. Une fois séduite, il aurait refermé son piège sur la jeune femme et aurait usé de violences, de menaces pour obtenir ce qu’il voulait d’elle. Jusqu’aux coups de trop qui ont fait réagir l’ancien époux de la victime présumée. Le prévenu aurait enlevé la jeune femme. Sa maman se serait interposée et Saïd serait devenu violent. La dame s’est réfugiée auprès de son ancien beau-fils qui a prévenu la police.

Saïd a été détenu pendant plus de dix mois en détention préventive. C’est le temps qu’il a fallu à la victime présumée pour comprendre à l’aide de ses proches et des enquêteurs par où elle venait de passer. Le procès du jeune homme doit durer deux semaines. Le temps nécessaire pour démêler les différents faits de cette histoire complexe et entendre les nombreux témoins. La défense du prévenu a, d’entrée de jeu, mis en doute la crédibilité de la victime présumée. La 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a demandé au parquet de citer à comparaître l’expert psychiatre qui a réalisé l’expertise psychiatrique du prévenu. Il sera entendu la semaine prochaine.

Transactions d’argent et affaires immobilières

Hier, l’enquêteur de la police judiciaire a repris, pour le troisième jour consécutif, le développement des résultats de l’enquête qu’il a menée suite à l’arrestation du prévenu. Le policier a résumé les moyens de pression employés par Saïd pour obtenir ce qu’il voulait de sa victime présumée. Le policier a également détaillé les messages virtuels et les photographies retrouvés sur les téléphones du prévenu et évoqué les transactions d’argent et les affaires immobilières du couple, ainsi que de la société qu’ils avaient créée en commun. Un entrepreneur, proche du prévenu, «au rôle mystérieux», selon la présidente de la chambre criminelle, réapparaît.

La victime présumée aurait transféré d’importantes sommes d’argent à diverses entreprises pour plus d’un million d’euros, dont 500 000 euros pour la rénovation d’une maison par la société de Saïd. Un bureau d’expertise a estimé que seuls des travaux pour 284 000 euros ont été réalisés. Il a été question de contrats signés en son nom par quelqu’un d’autre, selon ce que la jeune femme a expliqué à l’enquêteur. Le conseiller bancaire de la jeune femme s’est alerté et a interrogé la jeune femme sur ses rapports avec le prévenu et l’entrepreneur, poursuit le policier. Il a menacé de ne plus faire de transferts vers les comptes de l’un ou de l’autre.

«J’ai remarqué les hématomes»

«Il aurait été intéressant de faire des recherches sur la situation financière personnelle du prévenu et de son entreprise», a regretté la présidente de la chambre criminelle à l’issue de ce long rapport avant de céder la place aux questions de Me Hellinckx, l’avocat de Saïd, puis à la maman de la victime présumée.

Elle raconte que Saïd lui a été présenté par sa fille comme l’entrepreneur responsable de la rénovation de la maison appartenant à sa fille. Ce n’est qu’après qu’il a vendu son appartement que la jeune femme lui aurait présenté le jeune homme comme son petit ami. Elle l’a trouvé sympathique et a respecté le choix de sa fille. La mère de famille explique à la barre avoir vu sa fille changer au fur et à mesure de la relation, mais la jeune femme ne se serait pas confiée.

«J’ai remarqué les hématomes sur le visage de ma fille à plusieurs reprises. Elle me disait que c’étaient des accidents», témoigne la septuagénaire d’origine chinoise. «Au départ, j’y ai cru. Et puis, comme les hématomes étaient toujours au même endroit, j’ai questionné ma fille.» La victime présumée ne lui aurait pas répondu, aurait rompu le contact et serait partie en Chine.

Tentative de suicide 

Pendant ce temps, indique-t-elle, le prévenu a dit à une de ses autres filles que la victime présumée l’aurait chargé de s’occuper de ces affaires durant cette période. La victime présumée a prétendu avoir demandé à sa maman de s’en occuper. «Je ne pouvais pas, parce que je ne comprends pas le français. Saïd m’a proposé de s’occuper de la location des chambres.» Saïd aurait fait une tentative de suicide «parce qu’il ne pouvait pas vivre sans ma fille». «Il pleurait beaucoup. Tous les jours. Je l’ai cru.» En parallèle, le prévenu téléphonait plusieurs fois par jour à une des sœurs de la victime présumée pour la retrouver.

Le jour de leur retour de Chine, elle a refusé de laisser Saïd entrer à son domicile. Une de ses filles lui avait expliqué ce que le prévenu est soupçonné d’avoir fait subir à la victime présumée. «Il a forcé le passage et a crié très fort», se souvient-elle. «Ma fille a voulu partir. Je l’ai suivie. Saïd a voulu m’en empêcher de la suivre en me prenant par le bras.» Elle mime les gestes que le prévenu aurait eus ce jour-là. «Il m’a battue et jetée par terre», dit-elle. Elle aurait tenté de rejoindre sa fille dans la voiture, mais le prévenu aurait tenté de l’en empêcher à nouveau. Sa version à la barre diffère légèrement de celle donnée à la police le jour des faits, selon la présidente de la chambre criminelle.

Un commentaire

  1. Titre banal, généralisé, inintéressant., flou… Pas lu