Pilotes de jet privé, douanier indélicat, commanditaire… Neuf accusés ont commencé à comparaître lundi devant une cour d’assises spéciale dans le sud-est de la France dans le procès « Air Cocaïne », un dossier à rebondissements de Saint-Tropez à la République dominicaine.
Six ans après les premiers signalements de vols transatlantiques suspects, puis une saisie spectaculaire de 680 kilogrammes de cocaïne dans un Falcon 50 à Punta Cana, un seul accusé soupçonné d’être le commanditaire, Ali Bouchareb, 47 ans, comparaît détenu. Les huit autres accusés sont arrivés libres lundi matin devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône sans jurés, composée de cinq magistrats professionnels qui jugeront cette affaire de trafic de drogue international « en bande organisée ».
26 valises de drogue dans les soutes et dans le «coin salon»
Parmi eux, les deux anciens pilotes de chasse Pascal Fauret, aujourd’hui âgé de 58 ans, et Bruno Odos, 59 ans, aux commandes de l’avion intercepté en République dominicaine dans la nuit du 19 au 20 mars 2013. La police avait alors découvert 26 valises de drogue, calées dans les soutes et jusque dans le « coin salon » d’un Falcon 50. Le jet privé s’apprêtait à décoller pour la France, via les Açores.
Ces deux Français avaient été immédiatement arrêtés tout comme les passagers Nicolas Pisapia et Alain Castany. Malgré leurs dénégations, ils seront condamnés par la justice dominicaine en 2015 à vingt ans de prison. Depuis, leurs destins se sont séparés : les pilotes sont parvenus à s’enfuir clandestinement vers la France.
Condamné en République dominicaine
Les interrogatoires de ces deux anciens de l’aéronavale et de l’Armée de l’air aux casiers judiciaires vierges sont parmi les plus attendus dans la centaine de témoignages et d’auditions d’experts programmés au long des sept semaines de procès. Nicolas Pisapia, le dernier à se trouver en République dominicaine, sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter l’île, et Alain Castany, un septuagénaire qui a pu être rapatrié par la voie légale en France mais trop souffrant pour comparaître, ont obtenu la disjonction de leur cas, et devraient être jugés ultérieurement. Alain Castany a été définitivement condamné en République dominicaine et ne doit plus être jugé que pour association de malfaiteurs.
Outre le vol intercepté à Punta Cana, l’enquête-fleuve se penche sur deux allers-retours transatlantiques douteux, dans les quatre mois précédents. Le « comportement suspect » des passagers du Falcon 50 avait intrigué les gendarmes français après l’atterrissage du premier de ces vols à l’aéroport de Saint-Tropez-La Mole (sud-est). Une dizaine de valises avaient alors été discrètement déchargées et embarquées dans deux voitures, sous les yeux d’un douanier, François-Xavier Manchet. Celui-ci se retrouve sur le banc des accusés.
AFP