En situation précaire, le prévenu dit avoir cherché des aliments et avoir trouvé des trottinettes électriques et une voiture pour les transporter dans le garage d’une résidence.
Le soir du 21 mars dernier, Steve dit avoir remarqué un individu masculin assis dans la voiture tout-terrain de luxe de son voisin dans le garage de sa résidence. Pensant qu’il s’agissait d’Ivan, il lui fait signe. Selon Steve, l’homme, qui n’est pas le voisin en question, sort du véhicule et se dirige vers la cage d’escalier. Steve trouve étrange qu’un inconnu se promène ainsi dans son immeuble. Il l’interpelle pour lui demander ce qu’il fait là. «Il m’a dit qu’il cherchait un certain Marc. Aucun des habitants de la résidence ne s’appelle Marc», se souvient le témoin qui aurait demandé à l’homme s’il s’agissait du propriétaire de la voiture. «Il m’a répondu que oui. Alors je l’ai envoyé au premier étage», a-t-il poursuivi à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg lundi. «Il a dit qu’il allait sonner avant de monter et a quitté les lieux par la porte d’entrée.»
Steve dit avoir immédiatement prévenu Ivan, le vrai propriétaire de la voiture. Les deux hommes se seraient rendus au garage. Ivan, appelé à témoigner, dit que les clés du tout-terrain étaient dans son autre voiture qu’il n’avait pas verrouillée. Une forte odeur de tabac flottait dans les deux voitures, précise-t-il, ajoutant que deux trottinettes électroniques normalement rangées dans une cave fermée à clé se trouvaient dans le coffre du tout-terrain. S’y serait également trouvé un sac rempli de victuailles provenant du réfrigérateur d’Ivan. Les deux voisins disent avoir trouvé les portes de leurs caves ouvertes et leur contenu mis sens dessus dessous. Celle d’Ivan était forcée.
Ils ont prévenu la police. Qui se trouvait déjà dans le quartier. Le prévenu, Claude, un quinquagénaire, tentait semble-t-il d’entrer dans une maison voisine pendant que sa propriétaire promenait son chien et aurait été filmé par une caméra de surveillance tournant autour d’une maison de la même rue de Mamer, ce soir-là.
Claude raconte être entré dans la résidence par la porte d’entrée qui était ouverte et être descendu au sous-sol. Il aurait trouvé les deux trottinettes et aurait pensé pouvoir les revendre pour se faire un peu d’argent. Il explique n’avoir pas pu travailler pendant la pandémie, être devenu dépressif et avoir renoué avec ses anciens démons. Il aurait recommencé à se droguer, ce qui, une fois la situation sanitaire s’étant stabilisée, lui aurait fait perdre son emploi. Il voulait juste manger, selon lui. Les trottinettes auraient été du pain bénit. Pour les transporter, explique-t-il, il lui fallait une voiture. Il avait trouvé les clés et chargé les provisions et les trottinettes dans le tout-terrain.
Se cacher chez la voisine
Selon son avocate, Me Donven, il ne voulait faire de mal à personne et a paniqué quand il a aperçu Steve. «C’était peut-être le propriétaire de la voiture», a expliqué le prévenu à la barre. Par peur de se faire prendre par la police, il dit avoir tenté de s’introduire dans la maison voisine pour se cacher. Il a été arrêté 20 minutes plus tard.
Claude est également suspecté d’avoir tenté de forcer la porte d’un restaurant au Kirchberg, cinq jours plus tôt. Il aurait été filmé par les caméras de surveillance, mais Claude prétend n’être responsable de rien. Il aurait cherché un endroit où dormir car il avait raté la dernière connexion pour rentrer chez lui ce soir-là. Son avocate plaide l’acquittement dans cette affaire. «Les images vidéo ne le montrent pas en train de forcer la porte, indique Me Donven. Il est en aveux pour l’affaire de Mamer. Pourquoi ne le serait-il pas sur cette affaire?»
De plus, le prévenu tente, selon elle, de reprendre sa vie en main et est soigné pour son addiction. L’avocate demande que la prévention de vol qualifié soit requalifiée en vol simple et plaide en faveur de travaux d’intérêt général au lieu d’une peine de prison. Me Donven souhaite également que la situation financière précaire du prévenu soit prise en compte par les juges s’il devait être condamné à une amende et si le tribunal accédait à la demande de la partie civile.
Ivan demande le remboursement de la clé de sa voiture qui aurait disparu après les faits. Il présente au président de la chambre criminelle un devis récent, alors qu’il s’était plaint que, sa clé ayant disparu depuis le mois de mars, quelqu’un pouvait l’avoir trouvée et tenter de voler son véhicule tout-terrain.
Le procureur a requis une peine de prison de 12 mois et une amende. Claude n’en serait pas, s’il s’avérait être reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés, à sa première infraction, ce qui le prive de sursis. Le prononcé est fixé au 9 décembre.
Sophie Kieffer