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« Le couteau n’a pas été sorti pour apaiser la rixe »


Le 21 novembre 2014, vers 21h50, rue de Strasbourg à Luxembourg, un homme de 29 ans, originaire du Nigeria, avait été blessé aux deux mains. Son compatriote, auquel le parquet reproche d’avoir manié le couteau à l’origine des blessures et d’avoir, en outre, émis une menace de mort, a contesté les faits, mercredi à la barre.

Une personne a tenté d’enlever à une autre un couteau. Celle qui saignait est celle qui a essayé d’enlever le couteau. » Les déclarations du témoin habitant au-dessus du café et ayant observé la scène le 21 novembre 2014, au soir, se sont arrêtées là, ce mercredi. Juste après les faits, il avait dit à la police que le couteau était allé en direction du cou. Or, le témoin a précisé, hier, aux juges que c’est son petit frère qui avait fait cette observation.

Devant la police, la victime, Destiny O., avait affirmé avoir été blessée aux mains, mais aussi avoir reçu des menaces de mort. « I will kill you », lui aurait ainsi lancé son agresseur. Elle n’était toutefois pas là, mercredi, pour présenter sa version au tribunal.

Toujours est-il qu’à l’arrivée de la police, Destiny O. se trouvait assis sur Frank O. L’enquête avait, par ailleurs, révélé que dans l’après-midi, le clan de Destiny O. avait déjà été impliqué dans une rixe sérieuse. Rixe lors de laquelle le tesson d’une bouteille avait terminé dans un bras – sans doute dans le clan du principal prévenu, Frank O.

Au cours de son audition à la barre, ce dernier, âgé aujourd’hui de 41 ans et détenu au centre pénitentiaire à Schrassig depuis novembre 2014, a changé plusieurs fois de version. De sorte qu’il était assez compliqué de suivre le déroulement précis des faits.

L’ADN du principal prévenu sur le manche

Un fait semble néanmoins plus ou moins clair. Comme son «cousin» avait été blessé lors de la bagarre l’après-midi, le prévenu Frank O. s’était rendu le soir dans un café rue de Strasbourg pour clarifier cela : « Je voulais juste leur parler, pas prendre une revanche. » Toujours d’après le prévenu, Destiny O. l’avait tiré devant la porte et avait commencé à se bagarrer avec lui.

Frank O. prétend ensuite avoir brandi son couteau attaché à son porte-clé « pour impressionner » ceux qui maniaient des tessons de bouteille. C’est en voulant saisir le couteau que Destiny O. se serait blessé. « Quand la police est arrivée, il a lâché le couteau », a ajouté le prévenu.

Dans son réquisitoire, le premier substitut Colette Lorang notera que l’ADN de Frank O. a été retrouvé sur le manche du couteau. « C’est décisif pour prouver que Frank O. avait toujours le couteau dans la main. » L’ADN de la victime a uniquement été retrouvé sur la lame.

« Si on parle juste avec quelqu’un, on n’a pas besoin de couteau », a, par ailleurs, soulevé le premier substitut en remarquant que la police a retrouvé un couteau seulement sur Frank O. « Le couteau est sorti contre Destiny O. et pas pour apaiser la rixe », conclut Colette Lorang. Dans sa plaidoirie, Me Pim Knaff, l’avocat de Frank O. a mis en avant le fait que « le coup de couteau en direction du cou n’est pas prouvé ».

Le parquet laisse à la prudence de la chambre criminelle de déterminer s’il y a eu tentative de meurtre, mais demande qu’au moins les coups et blessures volontaires soient retenus. Il a requis trois ans de prison contre Frank O., ainsi que deux ans contre Tony S. et un an contre Anthony A., poursuivis pour coups et blessures ainsi que menaces de mort. Le 11 novembre, la chambre criminelle rendra son jugement.

Fabienne Armborst

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