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Le coupable est quelqu’un d’autre, affirment deux voleurs présumés


Les deux prévenus disent être victimes d’un quiproquo.

Un duo de voleurs présumés affirme porter le chapeau pour quelqu’un d’autre. Un certain Peter sur lequel la police ne serait pas parvenue à mettre la main. Leur version a du mal à passer.

«Je n’ai rien à voir avec un vol ou un recel. Je n’ai jamais eu l’intention de commettre un délit», assure Hamdi hier à la barre de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Le père de famille de 38 ans prétend ne pas avoir participé à un vol sur un chantier de la rue de l’Aciérie à Luxembourg-Hollerich le 26 juin dernier. «Ma femme m’avait téléphoné. Je voulais juste rentrer chez moi.»

Son complice présumé et lui ont pourtant été interpellés par la police avec un des objets du délit en leur possession. Ce qui jette un doute sur la bonne foi du prévenu. Mais il a une bonne explication. Un Cap-Verdien se ferait appeler Peter et leur aurait remis un sac contenant deux mallettes d’outils dérobées sur le chantier. «Il nous a demandé de le garder le temps qu’il aille à la station-service acheter des bières», explique le Tunisien. Oui mais voilà, le mystérieux individu n’est jamais revenu!

Ibrahima a alors suggéré de se rendre au café Relax, espérant y retrouver le propriétaire du sac. Comme l’établissement se trouvait sur le chemin de Hamdi, ce dernier a proposé à Ibrahima, avec lequel il avait fait la fête toute la nuit, de l’accompagner. Les deux prévenus n’auraient donc rien à se reprocher à en juger par leur version des faits.

Une version difficile à croire pour le tribunal étant donné le passé des deux hommes. Un mois avant le vol présumé, Hamid a été condamné à une peine de 24 mois de prison avec sursis pour douze vols et Ibrahima se trouvait en liberté provisoire depuis quelques jours. De plus, Peter semble s’être volatilisé dans la nature. Enfin presque. Il aurait croisé la route de l’épouse Hamid et se serait excusé d’avoir causé tant de désagréments au couple, a précisé l’avocate du Tunisien.

«Je ne savais pas que les objets étaient volés», a, quant à lui, prétendu Ibrahima. «Je n’avais pas besoin de voler ou de vendre n’importe quoi. J’avais travaillé en prison.» Le Sénégalais de 34 ans tient bon à leur histoire, malgré quelques variations d’interrogatoire en interrogatoire soulignées par la juge. «Pourquoi ne pas vous être rendus à la station-service pour retrouver le propriétaire du sac? Cela aurait été le premier réflexe à avoir!», veut savoir la présidente. Elle n’obtiendra pas de réponse concrète.

Les deux hommes sont-ils de bons compteurs ou se sont-ils effectivement trouvés au mauvais endroit au mauvais moment? Une des mallettes ne sera pas retrouvée. Peut-être a-t-elle été vendue. Sur les images de vidéosurveillance de Visupol, les policiers ont pu observer Hamdi et Ibrahima interpeller un individu et lui montrer le contenu du sac avant de continuer leur chemin. «J’étais saoul. Je parlais à tout le monde», explique Hamdi.

Le chantier sur un chantier

La malchance du duo ne s’arrête pas là. S’ils sont reconnus coupables, le vol risque de leur coûter cher. Plus que les 150 euros de la caisse à outils qui n’est, semble-t-il, pas le seul objet dérobé. En s’introduisant sur le chantier, le ou les auteurs ont également endommagé une pompe à eau qui a cessé de fonctionner. Le chantier a été inondé et les travaux ont pris plusieurs jours de retard. Le maître d’œuvre a réclamé plus de 63 000 euros de dommages et intérêts.

Le procureur n’a pas cru les deux prévenus et a estimé qu’ils étaient bien coupables de vol avec effraction et de recel. Il a requis des peines de 18 mois de prison à leur encontre. L’avocat d’Ibrahima, lui, conteste les accusations. Le seul tort de son client est d’avoir «voulu rendre service à un ami». «Ce n’est pas parce qu’il n’est pas allé le chercher à la station-service que mon client doit être considéré comme un voleur», insiste l’avocat qui demande la relaxe de son client. «Il était de bonne foi.»

Hamdi également. Son avocate souligne qu’il était «bourré». Il n’y a, selon elle, aucun élément matériel de vol ou de recel et le «dossier répressif est léger». «On a tendance à chercher un coupable. Il n’y en a pas dans ce dossier», poursuit-elle. «Il n’y a aucun intérêt d’outrepasser les faits pour en trouver un.» Quant au signe vu sur les images de vidéosurveillance, «il a été surinterprété». L’avocate réclame l’acquittement pour son client ou du travail d’intérêt général dans le cas contraire.

Le prononcé est fixé au 9 octobre.