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Le chauffeur de camion avait cassé le bras de son ex-salarié : 12 mois requis


Pendant le procès, l'un des prévenus a menacé un témoin. Pour le parquet, un délit a été commis à l'audience. Un procès-verbal a été dressé. (photo archives LQ)

Le parquet ne croit pas en la version du chauffeur de camion qui a cassé le bras de son ex-salarié à l’été 2016. Il a requis 12 mois ferme et une amende.

Deux chauffeurs de camion comparaissaient mardi matin devant la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement. L’un est poursuivi pour avoir porté des coups et blessures volontaires avec une barre de fer, l’autre pour avoir proféré des menaces de mort. L’altercation avait eu lieu le 8 juillet 2016, vers 13h, à la décharge de Sanem.

« Le premier chauffeur se trouvait dans son camion, quand l’autre chauffeur est venu avec une barre de fer et a commencé à le frapper. Je suppose que c’était une clé de roue. » Les dépositions de ce témoin auront marqué l’audience, mardi matin. Alors que le parquet a qualifié ses déclarations de « précises, claires et cohérentes », le prévenu Antonio A. (63  ans) ne semble pas les avoir appréciées. Car quand le témoin a rejoint le fond de la salle, le sexagénaire lui a fait comprendre en portugais qu’il allait avoir des problèmes. Des mots qui ne resteront pas sans conséquences (lire encadré en fin d’article).

Retour sur les faits du 8  juillet 2016. Le prévenu Antonio  A. conteste fermement s’être muni d’une barre de fer  : « Je vous jure que je n’étais pas armé », s’est-il défendu devant les juges. Il reconnaît uniquement s’être servi à plusieurs reprises de la portière du camion pour donner des coups à Afonso M. Ce dernier (59  ans), quant à lui, est poursuivi pour avoir proféré des menaces de mort. Deux témoins affirment que le quinquagénaire leur aurait déclaré qu’il allait tirer sur leur patron si ce dernier ne lui rendait pas son argent. Afonso M. nie toutefois ces menaces verbales.

L’avocate d’Antonio A. a insisté sur le contexte très particulier de l’interaction, qui a impliqué un employeur et son ancien salarié. « Mon client était en situation de légitime défense. Quelques heures auparavant, Afonso M. avait proféré des menaces. Il pouvait croire qu’il était armé », a-t-elle enchaîné en plaidant l’acquittement.

La partie civile réclame 20 000 euros

Or pour l’avocate du second prévenu Afonso M., les menaces de mort sont de « pures inventions »  : « J’ai du mal à comprendre que mon mandant ait proféré des menaces de mort alors qu’il a mandaté l’ITM pour entrer dans ses droits après la résiliation de son contrat », considère-t-elle. À côté de l’acquittement, elle demande 20 000 euros de dommages et intérêts pour son client qui s’est constitué partie civile.

« Nous avons des éléments très précis dans le dossier qui amènent à dire que l’un des deux prévenus ment considérablement », a récapitulé le premier substitut au début de son réquisitoire. Selon le représentant du parquet, les dépositions du premier témoin cité mettent en échec la version d’Antonio A.  : « Il dit qu’il avait peur qu’Afonso M. se saisisse d’un pistolet. Or s’il avait peur, il aurait pu partir. »

Des dépositions du témoin, il ressort qu’Antonio A. s’est d’abord muni d’une barre de fer dans son camion avant de rejoindre celui de la victime et de lui casser le bras. « Il n’y a aucun début d’agression justifiant une riposte », estime le représentant du parquet.

En raison d’un doute sérieux sur les menaces proférées à l’égard de son ancien employeur, le parquet demande l’acquittement d’Afonso M.  : « Il n’a pas de raison de menacer son ex-employeur, car il s’est adressé à l’ITM. »

Contre le second prévenu Antonio A., poursuivi pour coups et blessures volontaires ayant entraîné une incapacité de travail, le parquet requiert douze mois de prison et une amende. « Vu son absence de repentir et son attitude à l’audience, il ne mérite aucun sursis », conclut le premier substitut.

Prononcé le 9 mars.

Fabienne Armborst

Délits commis en cours d’audience

« Estas a entalar-te! » (Tu es en train de te coincer!). Tels sont les mots en portugais que le prévenu Antonio A. a lancés hier matin au témoin B. quand ce dernier reprenait place au fond de la salle après sa déposition et passait à côté de lui. Pour le premier substitut, il n’y a pas de doute qu’Antonio A. a commis un délit pendant l’audience publique. Le parquet a demandé que cela soit acté. Ce délit d’audience n’a pas empêché la poursuite de l’affaire initiale.

Mais le président de la 18 e chambre a dressé un procès-verbal du fait. Entendu par le tribunal, le prévenu a fini par déclarer avoir tenu ses propos. Ce procès-verbal sera adressé au parquet. Le prévenu doit s’attendre à un second procès. Ce n’est pas le premier prévenu poursuivi pour avoir menacé ou mis la pression à un témoin cité dans un procès. Mais c’est plutôt rare que cela se passe en pleine audience publique. Antonio A. risque la prison.