À la prévenue qui a comparu, vendredi, devant la Cour d’appel de Luxembourg, on reproche d’avoir soustrait plus de 60 000 euros au dentiste pour lequel elle travaillait en tant que secrétaire.
Après avoir été acquittée en première instance, la quadragénaire a dû comparaître, vendredi, devant la Cour d’appel. Alors que la défense soulève l’absence de preuves et demande la confirmation du jugement, pour la représentante du parquet général, le «faisceau d’indices est convaincant».
« Je n’ai pas volé dans la caisse. » Jusqu’au bout, la prévenue âgée aujourd’hui de 42 ans a contesté, vendredi, s’être servie dans la caisse du médecin pour lequel elle travaillait entre 2000 et 2005. Ce médecin-dentiste du centre du pays soupçonne en effet sa secrétaire de l’époque d’avoir pioché dans sa caisse. Il reproche à son employée d’avoir frauduleusement soustrait plus de 60 000 euros sur quatre ans.
Ce qui était noté dans le livre de caisse ne correspondait pas à la réalité. « Alors qu’en 2002 n’ont pas été constatées de grandes irrégularités, en 2003, elles ont bien augmenté et en 2004 c’était exponentiel », a récapitulé la présidente de la Cour d’appel. Pour la seule année 2004, plus de 30 000 euros auraient ainsi disparu, soit plus de 1 000 euros par mois.
Selon les témoins cités dans le dossier, la prévenue était la principale responsable de la caisse. C’est également elle qui déposait l’argent à la banque. Dans ses dépositions, le médecin reconnaît avoir pris de l’argent de la caisse. Mais d’après lui, il le faisait en présence de sa secrétaire pour qu’elle puisse inscrire ces retraits dans le cahier de comptabilité.
« C’est une somme astronomique qu’on me reproche, alors que je n’avais pas un train de vie de luxe. J’ai toujours été quelqu’un de simple. Je ne vois pas où j’aurais pu dépenser autant d’argent », a argumenté la prévenue à la barre avant de préciser qu’à l’époque son père lui avait donné de l’argent. Elle n’aurait donc pas eu besoin d’en avoir davantage.
Selon elle, les prélèvements ont été faits par le médecin en personne : « Le docteur aimait vivre, il était dépensier. Il avait une grosse voiture. »
Dans sa plaidoirie, M e Karima Hammouche, l’avocate à la défense de la prévenue, a demandé confirmation du jugement de première instance – à savoir l’acquittement de sa mandante – en mettant l’accent sur les différents doutes existant à propos de la soustraction frauduleuse.
«Il n’y a aucune preuve prouvant sa culpabilité»
« Les éléments du dossier ne prouvent en rien que Madame est à l’origine du vol. Les doutes doivent lui profiter. Il n’y a aucun élément qui prouve sa culpabilité. » L’avocate à la défense note que le docteur n’a pas su expliquer comment ses prélèvements dans la caisse avaient pu passer de 1 000 euros à 250 euros par mois, sous-entendant, semble-t-il, par là qu’il avait peut-être pioché la différence à l’insu de tous.
Mais pour la représentante du parquet général, le docteur n’avait aucun intérêt de ne pas inscrire le montant retiré dans le cahier. Elle indique par ailleurs que le docteur avait été formel lorsqu’il avait dit ne pas avoir l’habitude de plonger sa main dans la caisse.
Le réquisitoire a également mis en avant que la prévenue quittait toujours le cabinet en dernier après le docteur. Un élément que la prévenue n’a jamais contesté, selon le parquet général.
Enfin, le parquet général remarque que la prévenue s’était fait opérer d’une tendinite, mais que dès le lendemain elle était de retour au travail. Cet indice montrerait qu’ «elle était sur ses gardes ». Après avoir dû quitter le cabinet du médecin-dentiste, elle avait dû vendre son appartement et la banque lui avait retiré sa carte bancaire.
Somme toute, la représentante du parquet général considère le « faisceau d’indices comme convaincant » et requiert une peine d’emprisonnement de trois ans et une amende contre la prévenue. Afin de l’inciter à rembourser son ancien employeur dans un délai de six mois, elle demande d’assortir la peine d’un sursis probatoire. À noter que M e Sébastien Lanoue, représentant le docteur, a demandé un total de 71 100 euros : les indemnités de procédure et la somme pour le préjudice moral étant incluses.
Le 27 octobre, la Cour d’appel rendra son arrêt.
Fabienne Armborst