Afin de continuer à percevoir le chômage quand il était au Portugal début mai 2019, un trentenaire avait envoyé un ami à l’Adem à Differdange pour faire tamponner sa « carte bleue ». Le duo avait rendez-vous lundi matin au tribunal.
Il faisait un vent à décorner les bœufs. Mais ils avaient trouvé le chemin vers la Cité judiciaire. Certes un peu déboussolé Márcio (36 ans) s’est avancé à la barre. L’affaire avait spécialement été fixée à nouveau à lundi matin pour qu’il puisse se trouver un avocat. Il n’avait toutefois pas fait les démarches…
«Ce n’est pas votre première affaire devant la justice. Vous devriez donc savoir comment cela se passe», constatera le président après avoir jeté un coup d’œil dans son casier judiciaire. Voyant que son ami était assisté d’une avocate, le trentenaire tentera d’insuffler au tribunal : «Je pensais qu’un seul avocat suffisait comme c’est la même affaire.» En fin de compte, il finira pas renoncer à l’assistance d’un avocat.
Les faits reprochés sont relativement simples. Et il ne les conteste pas. Bénéficiaire des indemnités de chômage, Márcio avait demandé, dans la matinée du 3 mai 2019, à un ami de se présenter en son nom aux bureaux de l’Adem à Differdange. L’une des conditions pour bénéficier des prestations est en effet de s’y présenter régulièrement, au moins une fois par mois. Dans le cas contraire, des sanctions allant de sept jours de retrait à la radiation de la liste des chômeurs peuvent être appliquées.
Fausse déclaration et port public de faux nom
«J’étais au Portugal. J’ai donc demandé à Armando s’il pouvait faire tamponner ma « carte bleue » (NDLR : carte de présentation) pour moi», reconnaît le prévenu. C’était loin d’être une action spontanée, car il lui avait également laissé sa carte d’identité. Que leur plan n’ait pas fonctionné n’étonne pas trop le tribunal : «Sur la carte d’identité, on voit tout de suite que ce n’est pas la même personne.» Mais visiblement, pour Márcio, l’objectif de conserver l’indemnité de chômage intégrale primait sur le reste…
«Je ne pensais pas que cette affaire allait prendre cette envergure», ajoutera le prévenu face aux juges. Si lui est aujourd’hui poursuivi pour avoir fait une fausse déclaration à l’Adem, son ami comparaît devant le tribunal pour avoir pris un nom en public qui ne lui appartenait pas. Quand l’agent de l’Adem lui avait demandé s’il était bien le détenteur de la carte, il avait directement avoué que ce n’était pas lui…
«Je n’ai rien signé»
«Je n’ai rien signé. J’ai juste donné sa carte bleue», précisera Armando (51 ans) à la barre. «Peu importe si c’est un bon ami. Vous ne pouvez vous présenter au nom de quelqu’un que vous n’êtes pas. Cela peut vous coûter cher», tentera de lui inculquer le président.
«Il pensait naïvement qu’il devait juste faire tamponner la « carte bleue »», a renchéri Me Patricia Da Costa Magalhaes. Soulevant l’absence de casier judiciaire de son client, l’avocate a sollicité la clémence du tribunal et demandé de le faire bénéficier d’une suspension du prononcé. Ce qui signifierait que la culpabilité du quinquagénaire serait bien établie, mais aucune peine prononcée. Une position sur laquelle l’a rejointe le représentant du ministère public dans son réquisitoire. Pour Márcio, il estime que des travaux d’intérêt général (TIG) seraient une peine appropriée. Si le trentenaire est toujours à la recherche d’un emploi, aujourd’hui il ne touche plus le chômage…
La 16e chambre correctionnelle rendra son jugement le 27 février.
Fabienne Armborst