Interpellé fin 2013 avec de la coke et de l’héroïne, le trentenaire n’a été convoqué que jeudi à la barre. La raison ? La fausse identité livrée à l’époque aux autorités.
Ils pensaient prendre de l’essence au Grand-Duché en cette fin d’après-midi du 13 décembre 2013 lorsqu’ils ont emprunté la rue de l’Industrie à Rodange. C’était compter sans la présence d’une patrouille de police. Les quatre personnes à bord du véhicule immatriculé en France avaient rapidement attiré son attention.
Leur arrêt sur un parking à proximité d’un café avait attisé les soupçons des policiers. Ils ne s’étaient pas trompés. Lors du contrôle, les liasses de billets de 20 euros dans la console centrale leur avaient sauté aux yeux. Ils étaient également tombés sur une boulette d’héroïne dans le porte-monnaie du conducteur. Le chien renifleur appelé en renfort avait permis de dénicher un total de quelque 33 g d’héroïne et 1,4 g de cocaïne.
La marchandise venait d’Athus
Sans grandes difficultés, la police avait appris que la marchandise appartenait au passager. Que ce dernier l’avait importée d’Athus (B). Et que l’argent, c’était son frère qui le lui avait passé pour acheter une voiture à Paris pour sa copine enceinte… Si la coke était destinée à sa consommation personnelle, l’héroïne devait servir à rétribuer le chauffeur qui l’emmenait à Paris.
Le problème, c’est qu’Anis avait pris un faux nom face aux autorités. Le jeune homme, qui a certes passé six mois en détention préventive, n’était ni né en 1996 ni originaire d’Algérie. Bref, dans ces conditions, difficile pour le parquet de retrouver la bonne personne pour le procès. Par hasard, la police l’a retrouvé en début d’été en le croisant à une station-service.
La peur d’être rapatrié dans son pays
C’était par crainte d’être rapatrié dans son pays qu’il a pris cette fausse identité, a indiqué le prévenu de 32 ans originaire de Tunisie, jeudi matin, à la barre. Le trentenaire conteste toujours le trafic de drogue. «Ce n’est pas un dossier de vente», a appuyé Me Philippe Stroesser soulevant le taux extrêmement faible d’héroïne relevé dans les analyses toxicologiques des poudres brunes : «Il n’a pas importé 33,1 g, mais 19,94 g d’héroïne.»
Le parquetier réclamera au final 16 mois de prison et une amende contre le trentenaire dont le passé judiciaire, lui, reste énigmatique : «Je ne suis pas en mesure de dire si le prévenu a été condamné dans d’autres pays.»
Prononcé le 10 octobre.
Fabienne Armborst