Poursuivi pour avoir frappé et menacé à plusieurs reprises la mère de son enfant, le jeune homme de 25 ans a tout contesté mardi matin à la barre du tribunal.
«Je peux sortir le temps qu’elle parle. Je n’ai pas envie d’écouter. Je reviendrai quand cela sera mon tour de parler…» Le fait que le jeune père de 25 ans ne soit pas d’accord avec les faits qu’on lui reproche a transpercé dès les premières minutes de l’audience mardi matin. «Rien n’est vrai.» Voilà la position que le prévenu a affichée quand la présidente lui a donné lecture de la ribambelle d’infractions libellées pour la période allant du printemps 2017 à fin 2019. Par la suite, lorsque son ex-compagne remontera avec le tribunal la chronologie des événements, il ne restera pas assis. Pendant quelques minutes, il quittera la salle avant de revenir prendre place sur le banc des prévenus. Un peu plus tard, la présidente l’interrompra en train de pianoter sur son portable. «Cela ne vous intéresse pas?» Sa réponse : «Je ne peux pas écouter toutes ces bêtises…»
C’est le 9 août 2019 que la jeune femme (32 ans aujourd’hui) a porté plainte au commissariat d’Esch-sur-Alzette. Elle affirme alors avoir été, ce matin-là, frappée, tirée par les cheveux, poussée contre le lit et menacée de mort avec un couteau. Et tout cela en présence de leur enfant en bas âge. La dispute a, semble-t-il, débuté vers 7 h. En rentrant chez eux à Pétange au petit matin, son compagnon avait eu un accident. Et parce qu’il se trouvait sous contrôle judiciaire pour une autre affaire, il aurait souhaité qu’elle raconte à la police qu’elle se trouvait au volant… Ce qu’elle avait toutefois refusé de faire. Ensuite les versions divergent. Elle prétend avoir encaissé toute une série de menaces et de coups. Mais selon lui, il n’y a rien eu de tout cela : «Je ne l’ai pas touchée. Il n’y avait pas non plus de couteau ni d’essence.» Au cours de l’instruction, la trentenaire avait en effet fait état d’autres incidents, dont l’épisode où il aurait menacé de verser de l’essence sur elle et de l’allumer avec un briquet. Il y a aussi les menaces quand elle était enceinte. Et enfin fin 2019, les coups de pied contre la voiture du nouveau compagnon sur un parking d’un centre commercial à Foetz : «Il a tambouriné contre la voiture, car il était en colère que je vive avec un autre homme.»
Un mois en détention préventive
Après la plainte du 9 août, le prévenu a passé un mois en détention préventive. Son hypothèse : «Le fait que je sois enfermé, c’était plus facile pour eux deux.» La défense parlera d’une «affaire tirée par les cheveux». «Un dossier où l’on dispose seulement des déclarations de l’ex-compagne et aucun certificat médical, cela ne suffit pas pour condamner», estime Me Pim Knaff.
Du côté du parquet, c’est toutefois un autre son de cloche qui s’est fait entendre : «Si tout est inventé. Pourquoi n’a-t-il jamais contesté les SMS écrits depuis la prison dans lequel il promettait « Je vais changer. Je vais voir à devenir un homme meilleur… »?»
La jeune femme ne s’est pas constituée partie civile à la barre. Ses mots : «Je ne veux pas la guerre.» Mais pour la parquetière, il y a bien lieu de retenir toutes les infractions, sauf le harcèlement. Elle a requis 30 mois de prison et une amende contre le jeune homme, mais elle ne s’oppose pas à ce qu’une partie de la peine soit assortie du sursis. À part l’affaire de circulation, son casier ne renseigne aucune condamnation. L’affaire de l’homicide de Leudelange remontant au début novembre 2016, pour laquelle il se trouvait sous contrôle judiciaire à l’époque, n’est pas encore définitivement jugée. Le procès en appel doit avoir lieu le mois prochain.
La 13e chambre correctionnelle rendra son jugement dans l’affaire de violences domestiques le 8 octobre.
Fabienne Armborst