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Jugé pour tentative de meurtre sur sa femme à Oberkorn


Depuis lundi, un quinquagénaire comparaît devant la chambre criminelle de Luxembourg pour tentative de meurtre sur sa femme à Oberkorn. Les faits remontent à trois ans.

Le 1er octobre 2013, en fin d’après-midi, une femme de 48 ans avait été violemment attaquée par son mari avec un couteau dans leur garage à Oberkorn. À l’arrivée des secours, l’époux se trouvait au sol et présentait également de nombreuses coupures.

« Ma femme, je lui ai mis un coup de couteau dans la gorge. Envoyez une ambulance direct.» Le 1er octobre 2013, à 16 h 32, le 112 avait reçu l’appel aux secours. Dans un premier temps, c’est la victime qui avait tenté d’articuler. Mais les secours ne l’avaient pas comprise. Au bout de 16 secondes, le mari avait donc pris la parole au bout du fil.

À l’arrivée des policiers dans la maison du couple à Oberkorn, l’épouse se trouvait sur le canapé. «Elle avait un trou profond au niveau de la gorge. On pouvait tout voir à l’intérieur», a témoigné, hier lors du procès, une policière présente ce soir-là. Le mari, quant à lui, se trouvait au sol et était également blessé au cou.

«L’épouse a subi une blessure gravissime ayant entraîné une grande perte de sang : la trachée était sectionnée et les muscles de la glande salivaire blessés», constate le médecin légiste. La victime, en état de mort clinique, avait aussi dû être réanimée. À un moment, sa chance de survie avait été estimée entre 0,5 et 1 %.

Selon l’enquête, la victime, âgée aujourd’hui de 51 ans, a reçu le premier coup de couteau dans le garage vers 16 h 30. Elle-même ne présentait pas de blessures de défense, ce qui laisse penser à une attaque inattendue. Sur les lieux, les secours avaient saisi un couteau pliant de 10 cm présentant une lame de 8 cm. «Je n’ai encore jamais vu autant de couteaux exposés dans une maison», ajoute l’enquêteur.

Le couple était en instance de divorce

L’enquête avait établi qu’au moment des faits, le couple se trouvait en instance de divorce. La pomme de discorde aurait été le volet financier, plus particulièrement le partage de la maison. L’épouse aurait revendiqué une partie de la maison. Or selon la victime, entendue hier à la barre, le jour du drame, il n’y a pas eu de discussion sur le divorce. «J’étais dans le garage pour fumer, raconte-t-elle. Il m’a pris par les cheveux et j’ai senti quelque chose au niveau du cou.»

Elle explique s’être réfugiée dans le salon pour appeler le 112 et ouvrir la porte d’entrée. Alors qu’elle envoyait un SMS à une amie, son mari lui aurait donné un second coup de couteau au niveau de la gorge. Le médecin légiste n’exclut pas de deuxième coup : «Un seul coup a pu suffire. Mais il y a également pu y en avoir un deuxième.»

De l’enquête, il ressort qu’à l’époque des faits, le couple avait un penchant pour l’alcool. Après le drame, le mari présentait un taux de 1,79 g d’alcool par litre de sang. Celui de l’épouse n’avait pas pu être déterminé à cause des nombreuses transfusions de sang qui lui avaient été faites. Mais lors de son audition, elle avait reconnu avoir bu une bouteille de champagne dans l’après-midi.

Toujours selon la victime, son mari avait aussi affirmé au 112 avant de raccrocher : «Je vais tuer ma femme et me suicider par la suite.» Or ce sont des paroles que les enquêteurs n’ont pas pu retracer.

Le prévenu (53 ans) ne sera entendu que cet après-midi par la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement. Le déroulement de sa journée a néanmoins déjà filtré, lundi, en partie lors des dépositions de l’enquêteur et de l’expert psychiatre. À ce dernier, le quinquagénaire avait confié avoir bu cinq verres de vin blanc dans un café. Il disait se soucier à l’époque des conséquences financières dans le cadre du divorce.

«Sa femme revendiquait une partie de la maison. Il est retourné à la maison pour parler avec son épouse, récapitule l’expert. Sa femme aurait haussé les épaules. Ce geste aurait été offensant et il aurait donné un coup de couteau.» Malgré l’abus d’alcool et le trouble dysthymique constatés auprès du prévenu, l’expert conclut qu’il est accessible à une sanction pénale.

En fin d’audience lundi, Me Jean-Jacques Schonckert, l’avocat de la partie civile représentant la victime, a réclamé 500 000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice. Le procès se poursuit cet après-midi.

Fabienne Armborst