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Jugé pour avoir provoqué une collision frontale sur la N11 : «Mon volant s’est bloqué»


L'Opel du prévenu s'était complètement déportée sur la voie d'en face. Le septuagénaire au volant de la VW n'a pas pu l'éviter. Il est mort des suites de ses blessures à l'hôpital. (Photo : police grand-ducale)

Début mai 2018, un septuagénaire était décédé cinq jours après une collision frontale sur la N11 entre Dommeldange et Waldhof. Le procès de l’automobiliste à l’origine de l’accident a eu lieu mercredi après-midi devant le tribunal correctionnel.

Au volant de son Opel Vectra, il circulait sur la N11 en direction d’Echternach ce 3 mai 2018, vers 14 h. Quand, d’un seul coup, il a perdu le contrôle de sa voiture. Dans un long virage à gauche, peu après la sortie de Dommeldange, l’automobiliste a dévié de sa trajectoire et s’est déporté sur la gauche. La VW Golf arrivant sur la voie opposée n’avait pu éviter la collision frontale. Bilan de l’accident : trois blessés dans l’habitacle. Le septuagénaire au volant au moment du choc était décédé cinq jours plus tard à l’hôpital. Ce qui fait qu’aujourd’hui le conducteur à l’origine de l’accident comparaît également pour homicide involontaire.

Une route très large et pas de traces de freinage

«La route est très large à cet endroit. Quatre voitures pourraient passer l’une à côté de l’autre. Comment se fait-il que vous ayez heurté la voiture de l’autre côté de la route?» Depuis le début, le trentenaire déclare que c’est un problème technique sur son véhicule qui a mené à l’accident. Interrogé par le tribunal mercredi après-midi, le prévenu de 33 ans a maintenu cette position. «Mon volant s’est bloqué. Et ma voiture s’est déportée de l’autre côté. J’ai essayé de la contrôler…» La suite on la connaît.

Dépêchée sur les lieux de l’accident, la police n’avait relevé aucune trace de freinage. Les tests de dépistage d’alcool et de drogue s’étaient révélés négatifs. «N’étiez-vous pas tout simplement très inattentif au moment de l’accident?», tentera de creuser le président. Le portable du prévenu avait été analysé, mais à part un appel 10 minutes après l’accident, rien n’avait pu être constaté.

Un témoin de l’accident – il suivait la VW Golf jusqu’au moment de la collision – confirme le soudain changement de trajectoire de l’Opel. «La victime n’avait aucun moyen d’éviter le choc. Sur sa droite, il y avait une glissière de sécurité», a confirmé hier l’expert technique mandaté dans ce dossier.

Le spécialiste n’a pas pu faire la lumière sur les raisons du brusque changement de trajectoire. Il n’a pu déceler aucun indice pour un éventuel défaut technique : ni au niveau des freins ni au niveau du système de direction du véhicule. L’explication livrée par le prévenu tient donc difficilement la route.

La victime de 78 ans étant décédée quelques jours après la collision, un médecin légiste a été chargé de se prononcer sur le lien causal entre l’accident et sa mort. En sortant du véhicule, le septuagénaire semblait en effet le moins secoué des trois en comparaison avec son épouse et sa petite-fille. Il avait même fallu le convaincre pour qu’il se rende à l’hôpital, selon le policier. Mais l’expertise est sans équivoque : son traumatisme du thorax et du ventre a mené à la défaillance multi-organique.

Dans sa plaidoirie, Me Karp a parlé d’un «accident aux conséquences dramatiques» : «Pour une raison inconnue le véhicule de mon client a changé de trajectoire.» Soulevant l’absence de casier judiciaire du trentenaire et le fait que l’accident n’a pas pu être imputé à l’alcool, la drogue ou la vitesse, il a demandé au tribunal de ne pas prononcer de peine de prison ferme.

Inattention ou micro-sommeil?

Le parquet requerra au final une interdiction de conduire de 24 mois, une amende appropriée et trois mois de prison sans s’opposer à ce que la peine soit assortie d’un sursis intégral. «Il a provoqué seul l’accident sans qu’il y ait de cause externe», avait considéré son représentant dans son réquisitoire. Le prévenu n’ayant pu prouver que son véhicule avait un problème, le parquet estime qu’il y a eu une faute d’inattention. Une autre possibilité serait un micro-sommeil.

La veuve et la petite-fille (également blessées dans l’accident) ainsi que les deux filles de la victime se sont constituées parties civiles. Par la voie de Me Christiane Gabbana qui les représentait au procès, elles réclament un total de 350 000 euros de dommages et intérêts.

La 12e chambre correctionnelle rendra son jugement le 29 octobre.

Fabienne Armborst