LUXEMBOURG/MADRID Jean-Marc Sirichai Kiesch, condamné à 15 ans de prison ferme en 2000 et évadé de Schrassig en 2004, ne sera jamais extradé au Grand-Duché par l’Espagne.
Jean-Marc Sirichai Kiesch, âgé aujourd’hui de 40 ans, restera libre. Il avait pourtant été condamné en 2000 à une peine de 20 ans de prison dont 5 avec sursis pour meurtre et tentative d’incendie au Luxembourg. Il avait, en plus, pris la fuite en 2004 lors d’un congé pénal. Puis, il avait été arrêté par la police espagnole le 10 août 2020 à son domicile à Punta Umbria et un mandat d’arrêt européen avait été délivré par la justice grand-ducale. Malgré ces faits, ce lundi, le parquet général luxembourgeois a annoncé que les autorités judiciaires espagnoles avaient décidé de libérer Jean-Marc Sirichai Kiesch. Non, il n’ira pas en prison et n’effectuera pas en Espagne la peine qu’il devait faire au Luxembourg. Rappel des faits qui ont amené à cette décision, alors que Jean-Marc Sirichai Kiesch faisait partie des fugitifs les plus recherchés par Europol.
Jean-Marc Sirichai Kiesch a donc été condamné il y a 21 ans par la chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Diekirch pour de graves faits remontant à janvier 1999 à Eppeldorf. Comme nous l’avons dit, l’homme avait profité d’une permission pour disparaître quatre ans à peine après son incarcération. Afin de se donner plus de chances pour le retrouver, le fugitif était même inscrit sur le fichier des hommes les plus recherchés du continent européen depuis 2016. Durant cette cavale, la police grand-ducale n’a pas ménagé ses efforts pour le retrouver et a même effectué des investigations en Thaïlande, son pays d’origine. Le coup de théâtre est intervenu le 10 août 2020, grâce à une «coopération exemplaire des unités de recherches ciblées (Fugitive Active Search Teams – FAST) du Luxembourg et de l’Espagne», selon les autorités judiciaires grand-ducales. Le fugitif est en effet arrêté dans la commune de Punta Umbria, située au bord de la mer en Andalousie. Les autorités se félicitent de cette fin de cavale. Mais, la justice espagnole s’empare du dossier et tout le monde commence à déchanter.
«Aucun recours n’est possible»
Rapidement, le 21 août 2020, le Tribunal central d’instruction de Madrid refuse d’abord la remise du fugitif aux autorités judiciaires luxembourgeoises malgré la demande d’extradition et le mandat d’arrêt européen. En réaction, le service de l’exécution des peines du parquet général luxembourgeois demande aux autorités judiciaires espagnoles que la peine résiduelle de 3 275 jours soit exécutée en Espagne, pays de son domicile actuel. Mais, un peu plus d’un mois après l’arrestation, le tribunal libère sous caution le fugitif. La justice a ordonné cette décision en retenant le «temps écoulé» depuis le crime qui a eu lieu au Luxembourg. Jean Marc Sirichai Kiesch aurait également entretemps des «racines en Espagne» (NDLR : il a fondé une famille), selon le tribunal espagnol. Il a donc été libéré, mais devait toutefois se présenter devant la justice tous les 15 jours et a dû remettre son passeport. Au Grand-Duché, c’est la douche froide devant cette décision. C’était compter sans la décision de la justice espagnole qui vient tout juste de tomber : elle permet définitivement à Jean-Marc Sirichai Kiesch de retrouver la liberté.
Ainsi, le 10 septembre, le tribunal pénal central de Madrid a retenu que Jean-Marc Sirichai Kiesch, né le 6 janvier 1981, était mineur au moment des faits commis en date du 5 janvier 1999, de telle sorte que les autorités judiciaires espagnoles ne sont pas en mesure de reconnaître et de mettre en exécution la décision luxembourgeoise. «Aucun recours contre cette décision n’est possible», a précisé ce lundi le parquet général grand-ducal. «Le parquet général ne peut que prendre acte de ladite décision qui ne tient pas compte de la procédure pénale luxembourgeoise qui a en l’espèce permis les poursuites et la mise en jugement d’un mineur âgé de plus de 16 ans selon les formes et compétences ordinaires applicables aux majeurs devant les tribunaux répressifs», précise-t-il dans son communiqué. Le parquet souligne aussi que le tribunal de Madrid n’a pas appliqué le «principe de reconnaissance mutuelle aux jugements en matière pénale prononçant des peines ou des mesures privatives de liberté aux fins de leur exécution dans l’Union européenne». Jean-Marc Sirichai Kiesch est donc libre de poursuivre sa vie dans le sud de l’Espagne auprès de sa famille sans contrainte.
L. D.
Esou e Wouscht soll gelynscht gin……..
« l’homme avait profité d’une permission pour disparaître quatre ans à peine après son incarcération. »
Comment un meurtrier peut avoir une permission après 4 années en prison? Pauvre justice luxembourgeoise!
J’ai de la peine pour la famille de la victime qui doit être meurtrie une seconde fois.
Honte à la justice espagnole qui a failli sur toute la ligne.
Un meurtrier qui n’exécutera pas sa peine a causé d’une procédure pénale espagnole qui n’arrive même pas à appliquer les lois européennes qu’elle a signées.
C’est un échec dans une Europe qui se prétend pourtant unie.