Après être rentré dans une voiture sur l’autoroute, début novembre 2017, le conducteur avait pris la poudre d’escampette. Ce n’est pas la première fois qu’il conduisait en état d’ivresse… Son procès a eu lieu lundi.
«Avez-vous l’intention de revenir ici tous les deux à trois ans ? Apparemment, votre première affaire pour laquelle vous aviez été condamné en 2015 à une interdiction de conduire de douze mois avec sursis n’a pas servi à grand-chose…» Si la première fois l’automobiliste s’était fait interpeller avec 0,52 g d’alcool par litre de sang, dans le dossier dont s’est emparée, lundi matin, la 18e chambre correctionnelle, il présentait un taux de 1,23 g par litre de sang !
Le chauffard s’enfuit à pied
Il est autour de 15 h dans l’après-midi, le 7 novembre 2017, lorsque l’accident se produit sur l’A13 entre Schifflange et Kayl. «Un classique accident de télescopage entre deux voitures», d’après le policier entendu. Ce qui arrive ensuite est toutefois un peu moins classique. Au lieu d’attendre l’arrivée de la police, le chauffard qui n’a pas freiné à temps prend ses jambes à son cou.
«Il a posé ses papiers et s’est enfui en courant», se souvient l’automobiliste blessé lors de cet accident. Le quinquagénaire transféré en ambulance à l’hôpital n’est pas près d’oublier le choc. «J’avais vu un bouchon au niveau du chantier, j’ai donc ralenti. Je roulais au pas… quand la voiture derrière moi m’est rentrée dedans.» «J’ai braqué pour ne pas entrer dans la voiture me précédant», se souvient encore le témoin. Alors que les voitures zigzaguent entre les deux épaves, le chauffard aurait sorti son téléphone, mais pas pour appeler les secours visiblement : «Il me suppliait de ne pas appeler la police.» C’est finalement un autre automobiliste qui s’était arrêté pour appeler les autorités. La suite, on la connaît.
Le fuyard avait pu être arrêté par une patrouille de police à proximité de la station-service à Schifflange. «Il se rendait chez son beau-frère», avait-il expliqué aux agents.
Son explication lundi à la barre : «J’avais un problème d’alcool. J’avais peur de la police.» Mais il conteste fermement le ralentissement à cause d’un bouchon. Selon le prévenu âgé aujourd’hui de 41 ans, la cause de l’accident c’est parce que l’autre automobiliste n’avait pas mis de clignotant et s’était rabattu sur sa voie.
«J’avais bu, mais je savais ce que je faisais»
«Peut-être que c’est à cause de votre taux d’alcoolémie que vous n’avez pas vu le chantier», a tenté de lui inculquer le président. Sa réponse : «J’avais bu, mais je savais ce que je faisais.» N’empêche qu’il avait quitté les lieux de l’accident. «C’est ce qu’on appelle un délit de fuite», lui a rappelé le président. Et de le relancer : «Pourquoi n’avez-vous pas freiné ?»
«Si mon client fonçait à 100 km/h, comment est-ce possible qu’aucun autre véhicule n’ait été touché dans cet accident ? Il n’y aucune preuve qu’au moment de l’accident il y ait eu un bouchon», a embrayé l’avocat du prévenu qui travaille dans la construction. Selon la défense, son problème d’alcool est réglé : «Aujourd’hui, il ne boit plus une goutte !»
«Je trouve grave qu’à 15 h, on provoque un accident avec un blessé avec 1,2 g d’alcool et qu’on cherche la responsabilité chez l’autre», a rétorqué le parquetier. Pour lui, la façon dont s’est produit l’accident est relativement claire. Les déclarations du témoin seraient «précises et cohérentes» : «avec une vitesse excessivement élevée, le prévenu a percuté la voiture quasi à l’arrêt».
Le parquet réclamera au final une interdiction de conduire d’un total de 36 mois pour le délit de fuite, la conduite en état d’ivresse et les coups et blessures involontaires ainsi qu’une amende correctionnelle et quatre amendes de police. Comme il se trouve en état de récidive, il s’oppose à un large sursis, mais pas à un aménagement pour les trajets professionnels.
Le quinquagénaire qui souffre toujours de douleurs cervicales, pour sa part, s’est constitué partie civile. Il demande 10 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice physique et moral et 2 990 euros au titre du préjudice matériel et enfin une indemnité de procédure de 1 000 euros. Prononcé le 31 octobre.
Fabienne Armborst