Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Trois jours avant la session du fond de commerce qu’il gérait depuis des années, Mathieu a essayé de l’incendier.
Passage à vide ou acte mûrement préparé? Seul Mathieu le sait. Homme d’affaires à succès bien connu du monde de la nuit, il a aujourd’hui tout perdu. Vers 15 h, le 15 août 2021, il a incendié son établissement, le Booster’s Sports Bar à Luxembourg-Howald. La 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg l’a condamné hier matin à 5 ans de prison ferme.
Le parquet avait requis une peine de 8 ans. Une condamnation à 27 jours de prison ferme en Suisse le prive du sursis. Le propriétaire des murs et son assureur ont réclamé plus d’un million d’euros de dommages et intérêts. Le tribunal a octroyé 105 000 euros à IKO Real Estate et 945 945 euros à AXA.
Essence, gaz et accélérateur d’incendie… Tous les éléments étaient réunis pour tout faire sauter, mais Mathieu a manqué son coup. Le prévenu est incapable d’expliquer son geste. Au cours de l’enquête, il a donné trois versions différentes. Il a notamment évoqué une perte de mémoire et un burn-out. Le self-made-man de 45 ans a allumé treize foyers différents. Il encourait une peine de réclusion criminelle allant de 10 à 15 ans.
«Une faille narcissique»
Un expert neuropsychiatre avait tenté d’expliquer ce geste en évoquant «une faille narcissique». Mathieu n’aurait pas supporté l’échec «de son bébé», qu’«il avait créé de A à Z». Malade, il avait dû passer la main. La transition s’est mal passée. La pandémie est venue définitivement tirer un trait sur l’aventure du bar. «Il voulait vraiment détruire l’établissement», avait assuré l’enquêteur. Mathieu a arrosé les lieux d’essence et déposé six coupelles d’accélérateur de feu, notamment autour de deux bonbonnes de gaz. Par chance, «l’incendie s’est éteint tout seul, car il n’y avait pas assez d’oxygène pour l’alimenter», avait précisé l’enquêteur en juin dernier.
Un témoin a vu la voiture du prévenu quitter les lieux juste avant qu’une alarme ne se déclenche et que de la fumée ne s’échappe de l’établissement. Mathieu avait dans un premier temps nié avoir bouté le feu à son établissement, mais les indices retrouvés par les enquêteurs laissaient peu de place au doute.
