Monsieur G. s’est assoupi au volant de sa voiture. Un petit somme qui a coûté la vie à son meilleur ami. Assis sur le siège passager, il n’a pas survécu à la collision.
Une nuit de 2019, Monsieur G. a accidentellement tué Monsieur M. Les deux ressortissants chinois revenaient de Trèves, où ils avaient passé la soirée. Vers 2h45, sur l’A1 après le Potaschberg, dans un léger virage à droite, Monsieur G. s’assoupit. La voiture dérive en direction de la bande d’arrêt d’urgence où un semi-remorque en panne est arrêté. La voiture le percute de plein fouet. Monsieur M., assis sur le siège passager à l’avant du véhicule, décède sur le coup. Monsieur G. est blessé au bras droit.
À la barre de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, l’homme de 39 ans a dit hier après-midi avoir beaucoup de regrets. Le soir des faits, le 12 mars, il avait un taux d’alcoolémie de 0,82 milligramme d’alcool par litre de sang. Il est accusé d’homicide involontaire sur son ami. Son avocat, Me Scheerer, a noté que si le semi-remorque ne s’était pas trouvé à cet endroit, la voiture aurait foncé dans la végétation qui masque un talus et Monsieur B. ne serait peut-être pas décédé. Un doute, confirmé par l’enquêteur de la police, subsisterait quant au respect des pauses réglementaires du camionneur après analyse du tachygraphe du véhicule. Le camion était arrêté, tous feux allumés. Selon son chauffeur, il aurait subi une panne à son système de refroidissement. La loi interdit aux camionneurs de faire une pose sur la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute.
La visibilité serait claire sur le lieu de l’accident, selon un commissaire de la police technique, malgré l’absence d’éclairage public et la voiture n’aurait pas présenté d’avaries avant l’accident. Le compteur de la voiture indiquait que le choc avec le camion de seize mètres de long se serait produit à une vitesse de 130 kilomètres par heure. Le côté droit de la voiture où était assis Monsieur M. aurait été complètement enfoncé et le dispositif anti-encastrement dont était équipé le semi-remorque aurait été plié à 90 degrés, selon le policier qui estime que la voiture aurait rebondi contre le camion en raison du choc provoqué par la collision.
Monsieur G. n’aurait pas vu l’accident venir. L’impact l’aurait réveillé. Son ami dormait sur le siège passager et n’a pas non plus pu réagir pour éviter le pire. L’automobiliste dit qu’il était fatigué. «Je suis profondément touché et affecté», a-t-il indiqué. «J’ai perdu un bon ami. Je suis malheureux. C’était un père de famille.» La victime avait un fils et était marié depuis octobre 2018 en Chine.
Peiné à perpétuité
Son épouse, entre-temps retournée en Chine, s’est portée partie civile. Me Collas explique qu’elle serait arrivée au Luxembourg après l’accident à la suite d’une procédure de regroupement familial, éteinte en raison du décès. «Elle est arrivée au Luxembourg pour enterrer son époux», indique l’avocate qui demande 813 000 euros pour perte de revenus du couple ainsi que 100 000 euros pour pertes financières exceptionnelles. «Il n’est pas bien vu dans les petits villages chinois de revenir», justifie Me Collas. Sans possibilité de travailler – son diplôme de comptabilité n’ayant pas été reconnu au Luxembourg – et veuve, elle se serait retrouvée dans une grande précarité.
La représentante du ministère public a estimé que l’accident avait été «tragique et dramatique» pour le prévenu qui a «pris la vie à son ami». L’alcool et la vitesse, dangereuse à défaut de maîtrise, auraient fait de Monsieur G. un danger pour les autres automobilistes. Régulateur de vitesse enclenché et ébriété auraient enlevé sa capacité de concentration. Elle a requis une peine de prison de 6 mois et une amende appropriée à l’encontre du prévenu, ainsi qu’une interdiction de conduire de 15 mois.
Monsieur G. vivrait «un véritable déshonneur» et aurait «perdu la face dans sa communauté», selon son avocat, Me Scheerer. Mais Monsieur B. aurait, selon lui, pris consciemment place dans la voiture de Monsieur G., sachant que ce dernier avait bu et était fatigué. L’avocat a fait valoir que le prévenu avait perdu un ami très cher et a demandé au tribunal de ne pas prononcer de peine d’emprisonnement. Sa peine serait suffisamment grande et «il la portera jusqu’à la fin de sa vie». Il a plaidé en faveur d’un sursis intégral et a indiqué que Monsieur G. serait prêt à effectuer des travaux d’intérêt général. Il a également demandé à ce que le prévenu puisse conserver son permis de conduire pour les trajets professionnels.
Me Scheerer a contesté la recevabilité de la partie civile et la compétence du tribunal en la matière étant donné que l’épouse de la victime aurait au préalable déposé une assignation devant une chambre commerciale, donc civile.
Le prononcé est fixé au 23 mars.
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