Patrick comparaissait ce lundi pour avoir diffusé des contenus pornographiques le mettant en scène lui et une ancienne petite amie sur une plateforme dédiée sans son consentement.
Patrick a du caractère. Un sacré caractère. Sa mère, une pauvre femme, dit de lui qu’il est un ange, mais qu’il ne faut pas le chercher. Oui, il a menacé de l’empoisonner, mais dit-elle, il ne mettrait jamais ses menaces à exécution, sinon elle n’aurait pas pu témoigner en sa faveur face aux juges de la 7e chambre correctionnelle du tribunal de Luxembourg. À l’entendre, il serait d’ailleurs doux comme un agneau depuis qu’il ne fréquenterait plus une certaine Mara. «Ce n’était pas une fille bien», dira la mère, qui n’était guère fan de son ancienne belle-fille. «Elle buvait beaucoup et ils se disputaient beaucoup. Je fermais la porte du salon et regardais la télévision. Ils me disaient de ne pas m’en mêler.»
Patrick et Mara auraient formé un couple explosif. Ils auraient beaucoup bu, se seraient beaucoup drogués, beaucoup bagarrés – il l’aurait envoyée à l’hôpital – et auraient aussi beaucoup pratiqué la chose. C’est d’ailleurs la grande ouverture d’esprit de la jeune femme en la matière qui aurait plu à Patrick. «Elle était sortie avec pas mal de mes amis. Je savais qu’on avait les mêmes préférences sexuelles. Si vous avez vu les vidéos, vous devez comprendre de quoi je veux parler», explique le trentenaire, qui n’entrera pas dans le détail, mais notera qu’ils fréquentaient les clubs échangistes et les cinémas pornographiques.
Des loisirs qui les auraient inspirés. En effet, le couple aurait filmé ses ébats et les auraient postés sur un site de partage et de visionnage de vidéos pornographiques. Le jeune homme aurait également partagé ses vidéos ainsi que des photographies suggestives sur ses réseaux sociaux et avec des amis en leur demandant de les partager. Il se serait même rendu sur le lieu de travail de la jeune femme pour montrer certains contenus à ses collègues.
Cette démarche n’aurait pas plu à la jeune femme qui, quoique très laconique à la barre, prétend ne jamais avoir consenti au partage de ces divers contenus. Elle aurait d’ailleurs obtenu leur retrait en ligne depuis et a porté plainte contre son ancien compagnon. Il l’aurait rouée de coups, menacée de mort. «Il m’a dit qu’il allait envoyer des gens pour me violer et me poignarder ou qu’il allait me frapper jusqu’à ce que je devienne infirme et que je meure. Je connais ses fréquentations. J’ai eu peur», explique-t-elle. Interrogée sur ses nombreux appels et visites au prévenu en détention, elle dira qu’elle avait peur des représailles si elle ne s’exécutait pas. Le contact n’aurait été rompu que depuis que le prévenu, actuellement en semi-liberté au centre pénitentiaire de Givenich, a rencontré une nouvelle petite amie.
«C’était une furie quand elle avait bu»
Le prévenu, visage et avant-bras tatoués, reconnaît qu’ils se disputaient souvent et qu’il prenait des coups autant qu’il en donnait. «C’était une furie quand elle avait bu», a-t-il indiqué ce lundi. Il assure également qu’elle savait qu’il avait mis les vidéos en ligne sur le compte. D’ailleurs, le mot de passe de leur compte d’utilisateur était constitué du prénom et de la date de naissance de la jeune femme, précise son avocate. Selon l’amie du couple, la jeune femme ne souhaitait plus que les vidéos circulent après leur séparation.
L’avocate de Patrick estime «qu’une partie de la responsabilité est à chercher du côté de Mara», et de souligner la mauvaise réputation de la jeune femme. Elle a contesté la prévention de coups et blessures à l’encontre de son client, plaidé l’acquittement pour les menaces et la diffusion des contenus à caractère pornographique sur la plateforme et sur les réseaux sociaux et indique que son client ne conteste pas les injures. «Je vous laisse approuver son honnêteté», indique-t-elle au président de la chambre en lui demandant de se prononcer en faveur d’une peine légère et de travaux d’intérêt général.
«Il s’agit d’une relation spéciale dans un milieu spécial», note le procureur, qui croit la jeune femme et pense que ses peurs sont réelles au vu du casier judiciaire du prévenu qui comporte de nombreuses condamnations pour violences. Il doute cependant que la jeune femme n’ait pas donné son consentement quant à la diffusion des vidéos. Il n’en serait peut-être pas de même concernant leur diffusion sur les réseaux et auprès de proches. Il requiert une peine de 12 mois de prison éventuellement assortie d’une amende. Prononcé le 15 juillet.
Sophie Kieffer