Un jeune homme a été condamné vendredi à 15 mois de prison avec sursis pour avoir consulté des contenus pédopornographiques et être entré en contact avec des mineurs sur les réseaux sociaux.
Les juges de la 19e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg se sont montrés cléments avec Ronny. Le jeune homme de 28 ans évite la prison et écope d’une peine inférieure à celle requise par le parquet le 14 mai dernier.
Les juges ont prononcé vendredi une peine de 15 mois de prison assortie d’un sursis probatoire pour une durée de 5 ans avec obligation de poursuivre son traitement et de rendre compte tous les six mois des évolutions de ce dernier. Il est également interdit au jeune homme d’exercer une activité professionnelle ou de loisir impliquant des mineurs pendant une durée de 5 ans.
Les juges veulent à tout prix éviter que Ronny renoue avec ses anciens démons et franchisse un nouveau cap en s’attaquant à un mineur.
Les réseaux sociaux avaient tiré la sonnette d’alarme et la police avait mis un terme à la consommation de matériel pédopornographique de Ronny. Le jeune homme aurait, selon un enquêteur de la police, consommé de la pornographie aux contenus de plus en plus extrêmes avant de tomber sur des contenus pédopornographiques et de réaliser qu’il était attiré par les corps juvéniles. Particulièrement ceux de garçons prépubères de 8 à 12 ans comme le révéleront les contenus saisis à son domicile dans divers supports informatiques.
Du darknet à Facebook
Il y a deux semaines, le procureur avait retenu que Ronny, un majeur, a fait des propositions sexuelles à des mineurs et encouragé, par leur consultation, la production de contenu pédopornographique donc la maltraitance d’enfants.
«Au vu de l’extrême perversité des photographies consultées par le prévenu, de la gravité des faits et d’un manque d’empathie envers les enfants qui y apparaissent», il avait requis une amende et une peine de prison de 24 mois assortie d’un sursis probatoire avec obligation de soins.
Le jeune homme trouvait les images par milliers sur le darknet et les sauvegardait sur son compte Facebook pour qu’elles ne puissent être consultées par personne d’autre que lui-même. Les photographies ont été identifiées par le réseau social et signalées à Interpol.
Jusqu’en juillet 2017 – quand la police grand-ducale intervient dans l’affaire après avoir reçu une alerte d’Interpol – le jeune homme téléchargeait des images «deux à trois fois par semaine et se masturbait en les regardant», avait rapporté le commissaire de police en charge de l’enquête. «C’était devenu une véritable addiction même s’il savait que ce qu’il faisait était illégal. Quand Facebook a bloqué son compte, il a arrêté et a tout effacé.»
«Je n’ai jamais voulu faire de mal à un enfant»
Pour autant, les juges s’étaient alors interrogés sur les risques que présente Ronny de replonger ou de passer à l’acte. «Je n’ai jamais eu l’intention de faire du mal à un enfant», avait juré Ronny à la barre de la 19e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
Le procureur était d’avis que «le passage à l’acte a peut-être été évité par le démarrage de l’enquête» et le président de la chambre correctionnelle avait craint que les images «n’auraient peut-être à un moment donné plus suffi à (le) satisfaire».
Des thèses étayées par les conversations que Ronny aurait menées en ligne avec des mineurs. Une quinzaine en tout, dont trois avérés. Il leur aurait proposé des photographies de son sexe ou demandé de lui envoyer des photographies des leurs.
En outre, pour l’expert psychiatre, Ronny présenterait tous les signes qui caractérisent la pédophilie au sens médical, de même que de fortes inhibitions dans son rapport aux autres. Bisexuel, encore puceau au moment des faits, il aurait notamment des difficultés à rencontrer des partenaires de son âge.
Pour l’expert, Ronny est en souffrance, malgré un traitement entamé il y a trois ans et auquel le jeune homme devra se soumettre encore pendant de longues années. «Une thérapie peut prévenir une rechute, avait-il indiqué. Elle peut également l’aider à gagner plus de maturité au niveau de sa sexualité.»
Sophie Kieffer