David ne comprend pas que c’est fini. Il est accusé de menaces de mort envers son ancienne petite amie et de harcèlement. Il promet de ne plus jamais la revoir, ni la contacter.
Parfois, insister ne sert à rien. Cela peut même avoir l’effet inverse que le résultat désiré. David ne l’a pas compris. Le jeune homme de 26 ans originaire du Nigeria pense être toujours en couple avec Marie, 48 ans, d’origine portugaise. Malgré la prison et toutes les supplications de son ancienne compagne de la laisser tranquille. Marie se sent piégée et prend peur. Son angoisse monte d’un cran le dimanche 22 janvier dernier. Le jeune homme la menace de mort au téléphone.
Marie ne pensait pas à mal quand elle a fait la connaissance de David et décide de l’aider. Jusqu’à ce que, au bout de six semaines de relation, elle réalise qu’elle ferait mieux de s’éloigner. Se doutant que la séparation sera difficile, elle tente de couper les ponts en douceur. Mais David ne l’entend pas de cette oreille. Il finit par la menacer de mort au téléphone. Ce jour-là, il lui téléphone à 97 reprises. Il continue même après que Marie lui a demandé de la laisser tranquille et a bloqué son numéro. À 19 h, il menace également de mort un policier auprès de qui la petite brune est allée signaler l’attitude harcelante du prévenu et porter plainte contre lui.
«Elle est ma copine», lance David interrogé sur son comportement. «Vous êtes le seul à le penser», lui rétorque le président de la 16e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Nous nous étions disputés parce que je bois beaucoup. Cela la fâche quand je bois. Je lui téléphonais pour lui demander pardon», explique le prévenu. «Elle a passé le téléphone a quelqu’un que je ne connaissais pas qui m’a dit qu’il était policier et qu’il allait m’envoyer en prison si je n’arrêtais pas de lui téléphoner.»
«Elle compte beaucoup pour moi»
David ne veut pas aller en prison. Il dit qu’il ne l’a pas menacée et harcelée intentionnellement, mais qu’il avait bu. «Elle compte beaucoup pour moi», ponctue-t-il. «Quand on vous dit que c’est fini, c’est fini. Et si vous ne vous y tenez pas, on vous mettra en prison pour la protéger», lui explique le président de la chambre correctionnelle. Marie, en pleurs à la barre, dit vouloir «retrouver sa liberté». «Je ne veux pas qu’il aille en prison», précise-t-elle. «Il peut être mignon. Il ne m’a jamais fait de mal.» «Un jour où l’autre, il sera libre. S’il tente à nouveau de vous contacter, je vous conseille de prévenir directement la police parce que sinon la situation risque de dégénérer», lui conseille le président.
La représentante du parquet appuie ce conseil dans son réquisitoire. Elle en veut pour preuve le regard menaçant lancé par le prévenu à Marie en passant devant elle dans la salle puis depuis le banc des prévenus durant toute l’audience. «Il n’est pas le seul à pouvoir décider avec qui il est en couple. Dans un couple, il faut être deux. Il ne peut pas disposer de vous comme il l’entend», estime la parquetière avant de requérir une peine de 12 mois de prison à l’encontre du jeune homme. Pour elle, les infractions de menaces et de harcèlement sont données.
«Il est en train de le comprendre», avance Me Says, son avocat, avant de demander au tribunal de prononcer la peine de prison ferme la plus basse possible et d’assortir ce qui excède la durée de sa détention préventive d’un sursis pour exercer «un effet dissuasif». «Je ne la reverrai plus jamais de ma vie et je ne la contacterai plus jamais de ma vie», jure David à la barre. «Elle disait la vérité. Je ne savais pas que je me détruisais avec l’alcool. Je l’ai réalisé en prison. Elle m’a remis sur le droit chemin.»
Les larmes coulent de part et d’autre. Le jeune homme craint de retourner en prison. Encadré de deux policiers et menotté, il quitte la salle d’audience tout doucement en ne lâchant pas la jeune femme de ses yeux de chien battu. Un regard soudain plus du tout menaçant.
Le prononcé est fixé au 23 mars.