Elle n’aimait pas, mais n’aurait pas su comment dire les choses. De 2016 à 2018, une petite fille de 9 ans aurait subi les attouchements sexuels de la part de son grand-père.
Le témoignage de la gamine enregistré par le service de protection de la jeunesse a été diffusé hier après-midi. Avec son propre langage plein de pudeur, une petite brune vive et éveillée raconte ce que l’octogénaire lui aurait fait subir à l’heure de la sieste ou en l’absence de sa grand-mère. Un témoignage difficile à entendre pour les membres de la famille présents dans la salle d’audience.
«C’est toi qui va lui dire que c’est pas bien?», demande la petite à l’enquêtrice. Le grand-père nie les faits et la famille se déchire. La petite aurait tendance à raconter des histoires et voudrait attirer l’attention. Au contraire, un expert psychologue estime que son récit est bien authentique. La présidente de la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg recarde les débats en prévenant les membres de la famille présents qu’«il ne s’agit pas d’une tribune pour régler ses comptes. Il s’agit de défendre les intérêts d’une petite fille».
La présidente insiste, mais le grand-père tient bon. «Cette histoire dévaste une famille, un homme qui a une haute valeur morale», a indiqué l’avocate du prévenu, qu’elle décrit comme «un homme pudique qui ne câline et n’embrasse pas». Elle insiste sur le fait que la petite n’aurait, dans son témoignage, pas donné assez de détails sur la récurrence des faits ni sur les lieux où ils auraient eu lieu. La victime présumée aurait omis un détail d’importance qui remettrait en doute sa crédibilité. Le prévenu, lui, serait constant dans ses déclarations.
«Je la crois», note le procureur
L’avocate avance qu’inconsciemment la victime présumée aurait pu vouloir se venger de son grand-père pour défendre sa grand-mère ou attirer l’attention de parents qui «ne sont jamais là». Il n’y aurait pas assez d’éléments à charge, selon elle, pour condamner le prévenu. «Elle avait peur d’en parler à sa famille, mais elle n’a pas de mal quand il s’agit d’en parler à la police», assène l’avocate qui demande l’acquittement du grand-père au bénéfice du doute.
La représentante du ministère public en revanche a trouvé «très claires et très précises» les déclarations de la petite et n’admet pas qu’on lui dise le contraire. «Elle exprime le sentiment de joie de son grand-père de se retrouver seul avec elle.». «Elle contextualise. Elle explique tout. Quels détails demander de plus de cette petite fille de 9 ans?», poursuit-elle. «Elle dit que cela ne faisait pas mal, mais qu’elle n’aimait pas, qu’elle lui aurait demandé d’arrêter, mais qu’il n’avait pas bien entendu…» La petite aurait honte de raconter. «Nous devons entendre ce qu’elle nous dit», note-t-elle et d’ajouter, «Je la crois.»
La représentante du parquet évoque des actes immoraux effectués en toute connaissance de cause : «Il lui disait que c’était un secret, qu’ils jouaient, il fermait les volets…» Pour elle, les faits d’attentat à la pudeur sont donnés. Elle se demande si le grand-père n’aurait pas un trouble cognitif léger à caractère désinhibant, comme évoqué par le neuro-psychiatre lundi, qu’il ne voudrait pas admettre. Elle requiert une peine de 6 ans de prison à l’encontre du prévenu et cite de nombreuses circonstances aggravantes dont son ascendance sur sa petite-fille. Elle ne s’oppose pas à un sursis partiel.
Le prononcé est fixé au 20 janvier.
Sophie Kieffer