Dix-neuf bisons qui divaguaient depuis mercredi près de Megève (Haute-Savoie) ont été abattus vendredi matin par sécurité, leur retour à leur domaine d’élevage n’ayant pas été possible, a rapporté la préfecture.
Le troupeau avait été évalué dans un premier temps jeudi à vingt animaux. « Le troupeau, inamovible, a été abattu sans incidents ni blessés parmi les personnes mobilisées », a indiqué peu avant 10 h Aurélie Lebourgeois, directrice de cabinet du préfet. Les bisons avaient assez peu bougé dans la nuit.
L’opération s’est déroulée à 9 h sur le secteur du Mont-Joux, avec la participation de « trois agents de l’office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), de quatre lieutenants de louveterie et de 25 personnels de gendarmerie pour sécuriser la zone », a précisé la préfecture dans un communiqué.
Les agents ont utilisé des modérateurs pour atténuer le bruit des tirs. « Ce n’était certainement pas une opération agréable pour ces professionnels, mais elle était nécessaire », a ajouté Aurélie Lebourgeois.
Un peu plus tard, le préfet Pierre Lambert a « salué le sang-froid et le professionnalisme (des personnels) qui ont permis de mettre fin à la situation de danger engendrée par la présence de ces animaux sauvages ». Les bisons, pesant entre 300 et 600 kg, dont deux bisonneaux, s’étaient échappés dans des conditions non élucidées du domaine où ils étaient élevés.
La préfecture a d’abord tenté de les rabattre vers leur enclos avec l’aide des agents de l’ONCFS. Mais « des bisons ne se manœuvrent pas comme un troupeau de vaches », avait expliqué la directrice de cabinet de la préfecture à l’AFP jeudi soir. Même si le troupeau est resté loin des zones habitées, la préfecture ne pouvait exclure que des randonneurs les croisent et soient éventuellement chargés.
L’hypothèse d’un endormissement abandonné
L’option d’un endormissement a été étudiée mais abandonnée. Il fallait en effet prévoir de très fortes quantités de produit anesthésique, avec le risque de ne pas toucher une zone du corps où il se serait diffusé rapidement, a expliqué Aurélie Lebourgeois. La préfecture s’est donc résolue jeudi soir à mettre en place leur abattage.
Le troupeau abattu représentait la quasi-totalité des bêtes de l’éleveur Dominique Muffat-Méridol, du domaine de la Sasse. Il les élève, les abat, et sert leur viande dans le restaurant du domaine. Les bisons n’avaient « jamais causé aucun problème » en plus d’un quart de siècle de présence au domaine, « alors qu’ils se sont échappés plus d’une fois », a-t-il déclaré sur RTL. Pour lui, cette affaire est « une honte, on est dans l’absurdité de la réglementation (…) on marche sur la tête ».
L’éleveur a assuré avoir « beaucoup de souffrance, car on m’enlève mon outil de travail ». D’autant, a confirmé la préfecture, que la viande des bisons abattus ne pourra être consommée, étant donné que l’abattage a eu lieu « hors abattoir et sans contrôle sanitaire préalable ». En outre, a-t-on ajouté, « le propriétaire est redevable de leur fuite et (…) ainsi des frais engagés pour les opérations » de la matinée.
LQ/AFP