Le parc du château du Sautou cache-t-il le corps d’Estelle Mouzin, disparue en 2003 ? Un peu plus d’un mois après un déplacement de Michel Fourniret dans les Ardennes, de nouvelles fouilles ont débuté lundi, cette fois sans le tueur en série.
C’est sur cette vaste propriété de 15 ha, isolée au milieu d’un bois à quelques kilomètres de la frontière belge, sur la commune de Donchery, que les corps de deux jeunes victimes du « Monstre des Ardennes » avaient été retrouvés en 2004.
Les opérations de fouilles ont débuté lundi matin, par grand froid, sur ce site où les engins d’excavation ont été acheminés depuis plusieurs jours, selon une source proche du dossier.
La route d’accès au château est barrée par les gendarmes, ont constaté des journalistes de l’AFP. Elle a été empruntée en fin de matinée par Me Corinne Hermann, une avocate de la famille d’Estelle Mouzin, après un fourgon de l’identification criminelle de la gendarmerie. La juge d’instruction parisienne Sabine Kheris était arrivée plus tôt sur place.
Selon plusieurs sources proches du dossier, ces nouvelles fouilles pourraient durer plusieurs jours.
En juin, les enquêteurs qui tentent de faire la lumière sur la disparition de la fillette de 9 ans avaient déjà exploré les lieux, sans résultat.
En octobre, Mme Kheris, qui a repris les investigations en 2019, avait fait d’abord amener Michel Fourniret, mis en examen dans cette affaire pour « enlèvement et séquestration suivis de mort », à Guermantes (Seine-et-Marne), où avait disparu la petite fille le 9 janvier 2003 alors qu’elle rentrait de l’école, puis dans les Ardennes.
La magistrate avait pour espoir de « déclencher des souvenirs » chez le septuagénaire à la mémoire chancelante, qui avait fini par avouer en mars sa responsabilité dans cette affaire. Deux mois plus tôt, son ex-épouse, Monique Olivier, mise en examen pour « complicité », l’avait accusé d’avoir violé et tué l’enfant.
Des lieux familiers
Pendant cinq jours, le convoi le transportant avec son ex-femme s’était ainsi rendu dans une maison de Ville-sur-Lumes, où cette dernière affirme qu’Estelle Mouzin a été séquestrée, violée et tuée, dans un cimetière de Charleville-Mézières, sur un terrain à Floing puis au château du Sautou.
Ce déplacement sous haute sécurité n’a toutefois pas permis de retrouver le corps. Mais Me Hermann avait alors salué de « sérieuses avancées », soulignant que la famille attendait « de pouvoir inhumer le corps d’Estelle ».
Selon Richard Delgenes, avocat de Monique Olivier, Michel Fourniret aurait indiqué certains lieux dans le parc du château à explorer.
Le tueur en série connaît bien les lieux: le couple y a vécu de 1989 à 1991, et il a continué d’y retourner régulièrement jusqu’à son arrestation en 2003.
Fourniret avait acquis le manoir avec l’argent du magot du « gang des postiches », après avoir déterré un trésor sur les indications d’un ancien codétenu et assassiné la femme de ce dernier. Un épisode rocambolesque qui a marqué un tournant dans son parcours meurtrier.
Monique Olivier a été de nouveau interrogée vendredi par la juge qui cherche à déterminer si elle en sait plus dans cette affaire. Près de 18 ans après la disparition de la fillette, le temps presse, d’autant que l’état de santé de Michel Fourniret se dégrade.
A 78 ans, ce dernier, dont l’état neurologique est inconstant, est hospitalisé depuis qu’il a fait le 20 novembre un malaise dans sa cellule de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), selon le ministère de la Justice.
Michel Fourniret a été déclaré coupable en 2008 des meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001 et condamné à la perpétuité incompressible, puis à nouveau condamné en 2018 pour un assassinat crapuleux.
En février 2018, il a avoué avoir tué deux autres jeunes femmes dans l’Yonne: Marie-Angèle Domece, disparue en 1988 à 19 ans et dont le corps n’a jamais été retrouvé, et Joanna Parrish, 20 ans, retrouvée morte deux ans plus tard.
AFP