Des cadres de Lafarge sont convoqués aujourd’hui par le Service national de la douane judiciaire pour être interrogés sur un financement présumé de l’État islamique en Syrie où le cimentier exploitait une usine, selon une information France Inter.
En 2013 et 2014, la priorité de Lafarge en Syrie était de continuer à faire tourner sa cimenterie de Jalabiya, la plus vaste et la plus moderne du pays. Lorsque les territoires du nord-est du pays, où était située l’usin,e sont tombés aux mains de groupes jihadistes, dont l’Etat islamique, Lafarge Cement Syria leur aurait versé des taxes pour assurer la poursuite de la production.
Il s’agissait de permettre l’accès des employés syriens à la cimenterie mais aussi le passage des camions dans les zones tenues par l’État islamique. Lafarge se serait également approvisionné en pétrole auprès de l’organisation terroriste qui a lourdement frappé la France en 2015. La cimenterie avait cessé ses activités le 14 septembre 2014, quand l’État islamique s’en est emparé.
Arrangements « inacceptables »
Ces informations, d’abord révélées par Le Monde, ont donné lieu à des plaintes et à la désignation de trois juges d’instruction pour enquêter sur les agissements du cimentier français qui a entre-temps fusionné avec le groupe suisse Holcim.
Après une perquisition du siège de Lafarge à Paris, le 14 novembre, ce sont désormais plusieurs cadres du cimentier qui sont convoquées mercredi par le Service national de la douane judiciaire, a révélé France Inter. Selon, la radio publique française, ils seront placés sur le statut de la garde-à-vue à l’issue de laquelle ils risquent une mise en examen.
Parmi les cadres convoqués, trois ont déjà reconnu les faits, mais l’ancien PDG du groupe, Bruno Lafont, dit qu’il n’était au courant de rien, indique France Inter. En juin le groupe s’était dit prêt à coopérer avec la justice. Avant cela, en mars, Lafarge-Holcim avait reconnu avoir conclu des arrangements « inacceptables » pour assurer le fonctionnement de sa cimenterie syrienne.
Fabien Grasser