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Fin du procès du braquage de G4S : de lourdes peines requises


L'attaque avait été violente. Pour couvrir leur fuite, les malfrats n'avaient pas hésité à mitrailler les policiers. (photo d'archives LQ / François Aussems)

Il aura fallu cinq semaines pour boucler les débats. Jusqu’au bout, les prévenus Anouar B. (35 ans), Dogan S. (44 ans), Cihan G. (31 ans) et Simon S. (26 ans) ont clamé leur innocence dans le braquage de G4S le 3 avril 2013. Mais le parquet parle d’un «faisceau d’indices concordants» et requiert de 15 à 25 ans de prison pour tentative de meurtre, tentative de vol et association de malfaiteurs.

Dans la nuit du 2 au 3 avril 2013 vers 3h40, au moins six hommes cagoulés et lourdement armés attaquaient le siège du transporteur de fonds G4S, situé dans la rue du Père-Raphaël à Luxembourg-Gasperich. Pendant que deux individus faisaient le guet dans la rue, quatre autres pénétraient dans le bâtiment après avoir disposé une charge d’explosif sur la porte d’accès en acier.

L’action captée par les caméras de surveillance n’avait pas duré plus de huit minutes. Les auteurs avaient finalement pris la fuite sans butin. Ils n’avaient pas hésité à mitrailler les policiers avec leurs armes automatiques pour couvrir leur fuite. À Gasperich, pas moins de 38  coups de feu avaient été tirés. Près de Garnich, les braqueurs avaient croisé une patrouille de police. Là, les enquêteurs ont dénombré 47  douilles.

«La volonté de tuer était incontestable»

« Les coups de feu ont été portés à hauteur d’homme, c’est le fruit du hasard que personne dans la camionnette n’ait été touché , retient le substitut principal, Robert Welter. Au vu des nombreuses rafales tirées sur les policiers à Gasperich et Garnich, au vu de la nature des armes employées (…) la volonté de tuer était omniprésente et incontestable. »

Après avoir mis le feu à leur Audi endommagée, les auteurs des faits avaient pris la fuite à bord d’un deuxième véhicule. Dans son réquisitoire, le substitut principal a admis, hier, ne pas disposer de preuves directes quant à la participation des quatre prévenus au braquage. Mais il note  : « Les auteurs ont commis des erreurs qui ont permis aux enquêteurs de remonter vers eux .» L’enquête se base sur les indices recueillis sur les lieux du crime et le modus operandi.

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Sur le site de G4S à Gasperich, une batterie de 12  volts avait été retrouvée. Elle contient le profil génétique d’Anouar B. Ce dernier conteste fermement l’avoir touchée. Mais le parquet ne croit pas trop en un transfert secondaire de ses traces. « L’hypothèse la plus vraisemblable c’est qu’Anouar B. a déposé son ADN lors de l’attaque à Gasperich », estime le substitut principal.

Selon le parquet, les braqueurs ont commis une autre erreur en oubliant deux bidons à Garnich. Sur les bouchons avaient été recueillies les traces ADN de Cihan G. et de Dogan S. « Au moment de l’arrestation, personne ne voulait connaître ces bidons , remarque Robert Welter. Il a fallu attendre de nombreux mois pour que Cihan G. parle de son entrepôt à Herstal où on aurait pu trouver des bidons similaires .»

Dogan S. n’a pas d’explication quant à son ADN. Et il dit ne pas connaître les prévenus Cihan G. et Anouar B. « Pourtant, leurs traces ADN sont détectées à 150  km de leur domicile, à deux pas du lieu du crime », note Robert Welter.

À quoi ont servi les bidons? D’après le parquet, avant de commettre le hold-up, ils ont rempli les réservoirs pour avoir suffisamment d’essence pour prendre la fuite. Cela aurait évité qu’ils soient vus par les caméras d’une station-service ou repérés par une caissière.

Prononcé le 25  mai

L’ADN du quatrième prévenu, Simon S., n’a pas été retrouvé sur les lieux du crime. Or les enquêteurs belges ont saisi chez lui des chargeurs de kalachnikov scotchés de la même façon que ceux utilisés à Gasperich. « Il était en possession de munitions identiques et aussi d’une cagoule identique », soulève le substitut principal.

Dans son réquisitoire, le parquet est également revenu sur les alibis des prévenus et plus particulièrement celui de Cihan G. : « Les quatre témoins à l’audience se rappellent le pari pour le match de Champions League et la dispute entre les deux frères le soir du 2  avril  2013, mais dès qu’on leur demande des détails, les mémoires flanchent. »

Le substitut principal est convaincu qu’il s’agit d’un «faisceau d’indices concordants» . Les alibis des prévenus, quant à eux, seraient «montés de toutes pièces », considère-t-il. Au bout d’une heure et demie de réquisitoire, il a finalement requis 25  ans de réclusion à l’encontre d’Anouar B., Dogan S. et Cihan G. pour leur participation directe au braquage.

Il demande également de retenir la culpabilité du quatrième prévenu, Simon S., pour s’être occupé de la logistique entourant l’attaque Le parquet requiert 15  ans de réclusion à son encontre.

Le 25  mai, la chambre criminelle rendra son jugement.

Fabienne Armborst