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Feu à Schrassig : 12 ans requis contre les deux détenus


C'est pour se protéger des agents pénitentiaires équipés de leurs casques et boucliers qu'il aurait mis le feu à la cellule, dit le prévenu de 22 ans. (illustration Editpress)

Le parquet a requis la même peine contre les deux détenus. Le premier avait mis le feu à sa cellule avec le briquet que lui avait passé le second.

« J’étais en colère, en rage, en détresse. Je n’étais pas bien. J’ai commencé à casser les meubles dans ma cellule. » Voilà comment Paulo A. (22 ans) décrit le début de sa rébellion à la prison à Schrassig, ce 27 avril 2015 au soir. Le détenu dit en avoir voulu à un gardien qui l’aurait insulté et humilié. Cet agent pénitentiaire aurait propagé une rumeur selon laquelle il était homosexuel : «Il fait dire que je suis quelque chose que je ne suis pas.»

Alors qu’il s’énerve dans sa cellule, Paulo A. aperçoit par la fenêtre l’arrivée des «ninjas». C’est pour se protéger de ces agents pénitentiaires équipés de leurs casques et boucliers qu’il aurait mis le feu à la cellule, dit-il : «J’ai pris une serviette. Je l’ai allumée avec le briquet. Et j’ai jeté la serviette sur le matelas.»

«Peut-être a-t-il voulu se venger»

L’origine du briquet n’est pas contestée. Mais à la question de savoir qui a eu l’idée de l’incendie, cela se complique. Alors que devant le juge d’instruction, Paulo A. avait déclaré que c’était son voisin qui lui avait conseillé de mettre le feu à la cellule, mercredi après-midi il avait une autre version :«Le briquet provient d’Alessandro F. Mais quand il me l’a transféré, il ne savait pas la raison. Je suis fumeur. Je n’avais pas en tête d’allumer la serviette.»

«Je sais que le milieu carcéral a ses lois, ses règles. Vous préférez peut-être ne plus charger Alessandro F. Mais il y a des éléments dans le dossier indiquant qu’il n’y est pas pour rien dans toute cette affaire», intervient la présidente. Il s’avère que le détenu qui partageait à l’époque la cellule de Paulo A. a aussi affirmé qu’Alessandro F. avait suggéré «l’idée de mettre le feu à la cellule».

Le prévenu Alessandro F. (33 ans) ne nie pas avoir passé le briquet qui a servi à mettre le feu à la serviette. Mais jamais il n’aurait manipulé Paulo A. : «Je n’ai rien à voir dans cette histoire.» Selon le trentenaire, à l’époque, Paulo A. avait une dent contre lui : «Car je n’ai pas toujours été gentil avec lui.» Il cite l’épisode où il avait notamment versé de l’eau bouillante sur lui. «Peut-être a-t-il voulu se venger.»

« Il l’encourage dans l’excitation »

Toutefois, pour le parquet, il n’y a pas de doute. En lui fournissant le briquet, Alessandro F. a clairement incité son voisin à mettre le feu à sa cellule. «Il l’entendait crier dans sa cellule. Au lieu de le laisser tranquille, il l’encourage dans l’excitation. Il ne fait rien pour calmer la situation. Il lui fait la remarque déplacée de se suicider», analyse le substitut principal. Et de récapituler : «Il lui a fourni une aide sans laquelle le crime n’aurait pas pu être commis.» Voilà pourquoi il serait à condamner comme auteur de la tentative d’incendie criminel.

D’après l’expert incendie, comme la fenêtre était ouverte, la cellule disposait de suffisamment d’oxygène pour être totalement ravagée par les flammes. «C’est seulement parce que l’incendie a été découvert à un stade précoce qu’un incendie total de la cellule a été évité», soulève le substitut principal.

Le parquet relève la circonstance aggravante que les faits ont eu lieu la nuit. Si le code pénal prévoit des peines allant jusqu’à 30 ans de réclusion, il demande d’appliquer l’article 71.1 du code pénal pour le prévenu Paulo A. Le parquet se rattache aux conclusions d’un des experts psychiatres qui avait relevé une altération du discernement et du contrôle de ses actes. Et donc il requiert 12 ans de réclusion ferme.

Le parquet demande la même peine contre le second prévenu, Alessandro F. Lui n’est pas poursuivi pour rébellion, menaces d’attentat et coups et blessures volontaires, mais le parquet ne voit pour lui qu’une circonstance atténuante : «Depuis 2015, il n’a commis aucune autre infraction.»

La 9e chambre criminelle rendra son jugement le 24 mai.

Fabienne Armborst