António Gamito reconnaît que l’ambassade a commis une «erreur». Il se dit prêt à verser les 20 000 euros d’indemnités à son ancienne employée, mais critique aussi le communiqué de l’OGBL.
Contacté jeudi, l’ambassadeur du Portugal au Luxembourg, António Gamito, était assez remonté. «Il est très important à mes yeux d’équilibrer le débat, de remettre ce litige dans un contexte plus élargi», lance le diplomate, affecté par la sortie «incroyable» de l’OGBL dans l’affaire de la femme de ménage, licenciée de manière abusive par l’ambassade du Portugal.
Le représentant de Lisbonne ne remet pas en cause le fond de l’affaire, mais critique la forme. «Je ne juge pas opportun que l’OGBL ou l’État portugais se prononcent sur la place publique sur une affaire tranchée par une justice indépendante», indique António Gamito. Mais au vu de la sortie médiatique du syndicat mercredi, l’ambassadeur a décidé de répliquer tout en ajoutant quelques éléments au débat.
Le fait que l’ambassade ait commis une «erreur» serait indéniable. «Tout n’est pas parfait chez nous. Mais si une chose n’est pas bien faite, on la corrige et on va de l’avant», affirme le diplomate, interrogé par téléphone. Il explique que l’ambassade aurait été tenue aux instructions données par l’administration portugaise : «Lisbonne s’est limitée à appliquer la loi portugaise. On a omis de prendre en compte la législation luxembourgeoise.»
«On ne remet pas en cause la sentence»
L’OGBL avait rappelé dans son communiqué l’illégalité de la situation dans laquelle se trouvait cette femme de ménage, employée depuis 1993 «sans aucun contrat de travail écrit et pour une rémunération inférieure au salaire minimum luxembourgeois».
L’ambassade avait pris l’initiative pour régler l’affaire révélée en novembre 2018 en proposant dès décembre de la même année à son employée un contrat lui attribuant «le statut de fonctionnaire de l’État portugais, pour signature sur-le-champ». Le syndicat avait dénoncé la manœuvre, qui aurait privé la femme de ménage de ses acquis. Elle avait décidé de ne pas signer le contrat et s’était vu dans la foulée interdire l’accès à l’ambassade.
Deux ans plus tard, la sentence du tribunal du travail de Luxembourg vient de tomber. Les juges ont constaté que «les règles essentielles encadrant la résiliation d’un contrat de travail n’ont pas été respectées par l’ambassade». Aucune lettre de licenciement et, par conséquent, aucun motif justifiant le licenciement n’auraient été transmis à l’ancienne employée. «Le Portugal reconnaît pleinement la décision prise par les juges. On ne remet pas en cause la sentence et on est prêts à régler les indemnités à hauteur de 20 000 euros», souligne António Gamito. L’ambassade précise toutefois encore attendre le jugement du deuxième volet de cette affaire, lié aux allocations de chômage non perçues.
Elle aurait réclamé 120 000 euros
L’OGBL dénonce que l’ambassade n’a jamais transmis à son ancienne employée les documents nécessaires pour lui permettre de bénéficier des indemnités de l’Adem. António Gamito rétorque : «Ni l’OGBL ni l’avocat de notre ancienne employée n’ont demandé une attestation patronale auprès de l’ambassade. Le tribunal n’a également pas été saisi pour obtenir ce document.» Le jugement concernant l’allocation de chômage doit tomber le 16 mars. «On ne va pas tarder à verser les indemnités dans la foulée», annonce l’ambassadeur.
António Gamito lance un dernier élément dans la discussion. «Il faut savoir qu’au départ, notre ancienne employée avait réclamé des indemnités à hauteur de 120 000 euros. Nous avons toujours tenté de trouver une solution à l’amiable. L’indemnité que nous avions proposée à la dame était d’ailleurs supérieure aux 20 000 euros qui lui ont été attribués par les juges.»
Désormais, l’ambassadeur attend de voir si l’affaire pourra être tranchée pour de bon d’ici la mi-mars. «Mais si l’OGBL estime devoir interjeter appel, on est prêts à y aller aussi», conclut le représentant de Lisbonne au Luxembourg.
David Marques