Le tribunal a annoncé, jeudi, ne plus accepter de certificat médical du prévenu détenu à Schrassig. On en est à la troisième remise…
On se souvient bien de l’alerte à la bombe qui avait semé la pagaille au Kirchberg le soir du 23 mars 2017. L’hypermarché Auchan et le cinéma Utopolis avaient dû être évacués. Ce n’était que la première fausse alerte d’une série de cinq qui avaient secoué le pays au printemps 2017. Quelques jours plus tard, le 8 avril, c’est le City Concorde à Bertrange qui avait reçu un mystérieux appel téléphonique lui annonçant une menace d’empoisonnement. Les trois dernières fausses alertes à la bombe avaient visé le magasin Globus à Bettembourg (20 avril), le City Concorde (27 avril) et enfin la gare de Luxembourg (30 avril).
Dès début mai, les autorités luxembourgeoises, en collaboration avec la police judiciaire française, avaient réussi à identifier l’origine de ces appels. Tous avaient été effectués à partir du même appareil téléphonique mobile, qui a pu être localisé à la prison de Nancy-Maxéville. L’auteur présumé de ces faits était un homme âgé de 56 ans et de nationalité luxembourgeoise, déjà condamné au Luxembourg. Au moment des faits, il était en train de purger une peine de prison en France.
Trois fois déjà, le quinquagénaire a été convoqué à la barre du tribunal. Mais à chaque fois un certificat médical a atterri entre les mains de la justice juste avant l’audience. Rebelote, jeudi matin. Le document délivré par un médecin de Schrassig le déclare «inapte à se présenter» à l’audience.
La proposition de la visioconférence
Le parquet, informé dès lundi, avait proposé l’alternative de l’interrogatoire par télécommunication audiovisuelle, il n’a toutefois reçu aucune réponse. L’avocat du prévenu, Me Jean-Paul Noesen, était bien là jeudi. Il a expliqué qu’avec la situation sanitaire, il était difficile d’aller le voir en prison. Son client serait sous traitement psychiatrique. Et donc à l’heure actuelle, il ne saurait pas s’il peut le représenter pour le procès.
«Ce qui me gêne, c’est qu’on fait état de problèmes psychiatriques. Alors il faut présenter un certificat d’un psychiatre et pas celui d’un généraliste qui ne donne aucune précision…, a estimé le parquetier, qui demande de retenir l’affaire. On a entre 60 et 70 victimes dans cette affaire. Elles ont le droit de la voir évacuée.» Après s’être retirée quelques minutes, la 18e chambre correctionnelle a décidé de remettre une dernière fois le procès. «Au vu de la situation sanitaire exceptionnelle et des explications de Me Noesen», a fait savoir le président. Mais il n’aura pas manqué de prévenir l’avocat : «Vous êtes invité, par tout moyen possible, de vous assurer que vous avez mandat à représenter votre client. Le tribunal n’acceptera plus de certificat.»
Le tribunal voulait une date «à brève échéance» pour la remise. Le procès aura donc lieu le 6 janvier 2021.
Fabienne Armborst