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Expulsions de migrants: un journaliste citoyen interpellé en Chine


Le montage photo montre un logement habité (à dr.), puis vidé par les autorités chinoises (à g.) dans la nuit de vendredi à samedi (photo AFP)

Un artiste chinois qui a filmé et diffusé la destruction de logements de migrants autour de Pékin a été placé en détention, ont affirmé ses proches lundi.

Hua Yong, qui a publié sur internet des dizaines de vidéos montrant l’expulsion en plein hiver de milliers de ruraux précairement installés en banlieue de la capitale chinoise, a été interpellé dans la nuit de vendredi à samedi au domicile d’un ami à Tianjin (nord), a déclaré un de ses proches.

« La police l’a attrapé. Personne ne peut plus le joindre », a-t-il ajouté.

La police de Tianjin n’était pas joignable pour commenter ces informations.

D’autres proches de l’artiste ont indiqué sur son compte Twitter qu’un avocat avait été saisi de l’affaire.

Les vidéos de Hua Yong, diffusées sur YouTube et sur le réseau social Weibo, ont été vues des dizaines de milliers de fois.

L’artiste citoyen filmait habituellement ses vidéos à l’aide d’une perche à selfie montrant des quartiers détruits derrière son visage entouré de dreadlocks. Dans une de ces vidéos, on l’entend dire: « Le ciel est bien bleu aujourd’hui, mais regardez ça! Tout a été transformé en un champ de ruines en un instant ».

Des centaines de millions de ruraux ont afflué au cours des quatre dernières décennies dans les grandes métropoles du pays, générant par leur travail le spectaculaire essor économique chinois.

Mais le régime communiste a entrepris ces dernières semaines de détruire des quartiers entiers qui abritaient ces migrants à Pékin dans des conditions souvent difficiles. La capitale entend en effet limiter sa population à 23 millions d’habitants en 2020 (contre environ 21 millions actuellement) et a prévu de démolir 40 millions de m2 de bâtiments illégaux — le plus souvent des commerces et des logements utilisés par les migrants — d’ici la fin de l’année.

Un incendie qui a tué 19 personnes le mois dernier en périphérie de Pékin a servi de déclencheur à une accélération des démolitions des bâtiments jugés dangereux.

Mais la brutalité des expulsions en plein hiver, alors que les intéressés n’ont parfois que quelques heures pour partir, a suscité un rare tollé, jusque dans la presse officielle.

Le régime craint que la polémique ne nuise à son image, relève Patrick Poon, chercheur auprès de l’association de défense des droits de l’homme Amnesty international. « Mais en s’en prenant à Hua Yong, il nuit encore plus à l’image de la Chine ».

Le Quotidien/ AFP

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