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Ex harcelée et menacée : un an ferme requis


(Photo : Editpress)

Depuis 2015, le jeune homme n’arrête pas de harceler son ex-petite amie. Jeudi, lors de son deuxième procès, le parquet a requis une part de prison ferme.

Il harcelait de façon répétée son ex par téléphone. Il lui envoyait des messages la menaçant de divulguer ses photos intimes à des personnes tierces. Il avait créé au moins un profil Facebook à son nom avec des photos la montrant en sous-vêtements….
Jeudi matin, face aux juges, le jeune homme, âgé aujourd’hui de 22 ans, a pourtant fait preuve de moins d’entrain.

« Je n’ai plus rien à dire. J’ai déjà tout dit au juge d’instruction.» C’est un jeune homme peu loquace qui s’est présenté, jeudi matin, à la barre de la 12e chambre correctionnelle. «Pourquoi avez-vous fait cela? Vous étiez déjà ici pour des faits similaires», le questionne le président. Le prévenu, actuellement en détention préventive à Schrassig, n’en dira pas plus.
Le couple a passé cinq ans ensemble. Le jeune homme, âgé aujourd’hui de 22 ans, a visiblement mal digéré la rupture survenue en 2015. La preuve : c’est la deuxième fois qu’il se retrouve devant le tribunal pour harcèlement obsessionnel de son ex.

À l’issue de son premier procès fin 2016, un sursis probatoire lui avait été accordé. Il avait reçu l’obligation de se tenir à distance de son ex et de ne plus la harceler. Mais alors que cette affaire se trouvait en délibéré, il lui avait déjà envoyé le prochain message…

«Il a commencé à m’envoyer des mails avec des photos où j’étais nue. Ces photos datent de l’époque où nous étions ensemble. Je devais avoir entre 15 et 16 ans. À l’époque, j’étais jeune et naïve, témoigne la jeune femme, également âgée aujourd’hui de 22 ans. Il a aussi créé un compte Facebook à mon nom avec des photos me montrant en sous-vêtements…» «J’ai peur depuis qu’il fait cela. Qu’il me laisse en paix!», ajoute-t-elle.

C’est le 20 décembre 2016 qu’elle a porté plainte. L’enquêteur en charge du dossier indique avoir retrouvé  46 photos de la jeune femme sur les différents appareils de l’ex. Les relevés téléphoniques retracent ses coups de fils répétés. «Il cherchait beaucoup à la joindre. Le 14 septembre 2016, il a essayé de la joindre pas moins de 44 fois. Dans ses courriels, il menaçait aussi son ex de mettre une partie de ses photos en ligne», rapporte l’enquêteur. Les faits reprochés au prévenu remontent à la période comprise entre septembre 2016 et mars 2017.

«Elle souhaite qu’on la laisse en paix»

«Le prévenu a émis une soixantaine d’appels. C’est énorme par rapport au contexte et à la plainte déjà déposée», soulève la représentante du parquet. Dans son réquisitoire, elle n’a pas manqué de revenir sur la personnalité de l’auteur. «Le 5 janvier 2017, il a été condamné à 18 mois de prison assortis d’un sursis probatoire. À l’époque, c’était une peine conséquente. Il n’a pas tardé : en cours de délibéré, il avait déjà recontacté Madame.» Bref, «une véritable aggravation dans ses agissements», selon le parquet. «À l’audience, je n’ai vu aucune prise de conscience de sa part.» Elle a requis 30 mois de prison, dont 12 mois ferme, ainsi que la confiscation des photos et des supports informatiques sur lesquels le matériel était stocké.

Quelques instants plus tôt, l’avocat à la défense du prévenu avait plaidé en faveur d’un sursis probatoire avec un suivi par un psychiatre : «J’ai conscience de la souffrance de la victime. Mais j’ai l’impression qu’à côté de la souffrance de Madame, il y a la souffrance de Monsieur. Il y a des moments où la souffrance est plus forte que la raison…» L’avocat a également donné à considérer que l’ancien employeur du prévenu, actuellement incarcéré, est prêt à lui donner une seconde chance.

La victime du harcèlement, quant à elle, s’est constituée partie civile. Elle réclame un euro symbolique de dommages et intérêts pour le préjudice moral ainsi que 1 500 euros pour régler ses frais d’avocat. «C’est la deuxième fois qu’on se retrouve devant le tribunal», argue son avocat, Me Tom Luciani. «Aujourd’hui, ce qu’elle souhaite, c’est qu’on la laisse en paix», conclut-il.
Prononcé le 5 octobre.

Fabienne Armborst