Pour l’enquêteur, il n’y a pas de doute : Jamek M. a bien planifié son acte en s’introduisant avec son pistolet dans cette arrière-cour à Esch, début 2015. La voisine, elle, a assisté à la scène de crime.
« J’étais assise dans mon salon en train de regarder la télé. Quand d’un seul coup, j’ai entendu une détonation. J’ai d’abord pensé à un pétard de la Saint-Sylvestre. Je me suis dirigée vers la fenêtre. En bas dans la cour, où il y a les garages, j’ai vu un homme avec un revolver. Il a tiré trois à quatre fois sur la fenêtre d’une voiture côté conducteur. »
Au deuxième jour du procès mardi, la 9e chambre criminelle a commencé par entendre le témoin qui a assisté à la scène de crime. C’est la voisine et propriétaire des garages. Elle habite au premier étage dans la rue du Fossé dans la Métropole du fer. Elle dit ne pas avoir vu qu’il y avait quelqu’un dans la voiture au moment des faits. C’est quand la fille de la victime en pleurs est venue sonner chez elle qu’elle a compris ce qui s’était passé.
«L’auteur des tirs a quitté tranquillement l’arrière-cour», se souvient encore la voisine. Ce n’est toutefois pas le seul témoin qui a aperçu Jamek M. le 7 janvier 2015 en cette fin d’après-midi. La victime venait tout juste de rentrer des courses avec sa sœur et son neveu. Ces derniers avaient déchargé les courses dans la rue en attendant qu’elle aille garer sa voiture dans le garage.
En sortant du portail de l’arrière-cour, Jamek M. les avait donc croisés. «Va chercher ta tante, elle est morte», aurait-il d’abord lancé au neveu avant de se diriger vers sa VW Golf noire. Quelques instants plus tard, il était repassé en voiture. À travers la fenêtre, il aurait cette fois-ci adressé le même message à la sœur de la victime : «Ta sœur, elle est morte.»
En entrant dans la cour, les membres de la famille avaient découvert la quadragénaire effondrée au volant de sa voiture. Toutes les portes étaient fermées. Le moteur tournait encore et la radio fonctionnait. Pour l’enquêteur de la police, il n’y a aucun doute que si Jamek M. n’avait pas planifié son acte, il n’aurait pas pu l’effectuer d’une telle manière : «Il avait tout prémédité. Il était résolu à tuer sa femme en se rendant dans cette arrière-cour avec son arme. Il n’y a pas non plus eu de coup de semonce.»
«Je jure que je vais te couper en morceaux»
Il ressort de l’enquête que le quinquagénaire avait garé sa VW Golf dans la rue à quelques mètres du lieu du crime. Il rangeait son pistolet 9 mm près du frein à main. Ici aussi, le quinquagénaire n’aurait rien laissé au hasard, analyse l’enquêteur : «Il avait caché son arme dans la console centrale de sa voiture qu’il avait spécialement aménagée avec de la mousse en plastique pour cet effet.»
Dans la voiture, les enquêteurs avaient aussi retrouvé un couteau pliant, un couteau de cuisine, des menottes ainsi que des gants noirs.
À l’époque des faits, le couple, qui avait trois enfants, vivait séparément depuis près d’un an. C’est la femme qui avait entamé la procédure de divorce. De cette période datent aussi toute une série de menaces. Sur des petits bouts de papier déposés dans la boîte aux lettres de l’épouse, l’enquêteur relève une avalanche de menaces et d’intimations. Parmi ces «écrits agressifs», il cite le «Je jure devant Dieu que je vais te couper en morceaux» ou encore «Je vais te préparer une grande surprise…»
En outre, les portables des époux et les textos échangés entre eux ont été passés à la loupe : «Même si on n’a pas pu discerner de mobile, il profère clairement des menaces contre sa femme et ses proches», soulève l’enquêteur. Des menaces qui auraient en fin de compte perduré jusqu’à l’accomplissement de l’acte.
Le procès se poursuit mercredi après-midi. Parmi les dix témoins qui doivent encore être entendus, il y a notamment l’agent de la police technique.
Fabienne Armborst