En se faisant passer pour un membre d’un club de fléchettes, le quadragénaire avait encaissé de l’argent pour des pubs en vue d’un tournoi dans une brochure… qui n’était jamais parue. Poursuivi pour escroquerie, l’homme avait rendez-vous, mardi matin, devant le tribunal correctionnel. Le préjudice se chiffre à quelques centaines d’euros.
Les commerçants, c’était la cible préférée de Marco H. (48 ans). Entre octobre et décembre 2018, le quadragénaire avait fait du porte-à-porte. Se présentant comme membre d’un club de dart, il avait récolté de l’argent pour une brochure en vue de l’organisation d’un tournoi de fléchettes. Les dons tournaient en général autour de 100 euros.
Salon de beauté, garage, organisateur d’événements… tous pensaient soutenir un club local en payant pour une annonce. Mais rapidement, ils avaient dû constater qu’ils étaient tombés dans le panneau. Car la brochure où devait figurer leur encart publicitaire n’est jamais parue. Et le tournoi n’a jamais existé non plus.
Trois des victimes s’étaient déplacées, mardi matin, au tribunal pour réclamer des dommages et intérêts. «120 euros, c’est l’argent qu’il m’a pris», raconte la première faisant état du modus operandi bien rodé du quadragénaire : «Muni d’un bloc, il m’a établi une facture. Et il a demandé à recevoir l’argent tout de suite.» Les deux autres commerçants qui se sont constitués parties civiles avaient, eux, donné chacun 100 euros. L’un était particulièrement remonté : «Le pire, c’est qu’on se connaissait personnellement. C’est ce que je trouve le plus grave.» Et d’ajouter : «J’imagine que tous les commerçants n’ont pas le temps de se déplacer au commissariat afin de porter plainte pour 100 euros. On veut qu’il arrête. Des centaines de commerçants ont dû être arnaqués…»
La poignée de faits dont est saisie la 13e chambre correctionnelle avait notamment eu lieu à Ehlange, Bertrange et Tétange. À la barre, le quadragénaire a déballé les malheurs de sa vie : son divorce, sa plongée dans l’alcool puis la drogue et, enfin, la perte de son travail. Pensait-il marquer ainsi des points face aux juges? «Je n’ai pas réfléchi», ajoutera-t-il. La présidente : «Mais si! Il y avait bien de la réflexion dans tout cela. Vous avez joué avec la crédulité des gens.»
Sentant qu’il avait perdu, le prévenu finira par avouer ses manœuvres frauduleuses : «Je reconnais tout. Je regrette. J’étais sous l’influence des drogues.Mais je n’ai pas donné le nom d’un club, je me suis présenté en mon nom.»
Une amende et 15 mois requis contre l’escroc
Mais même après les premières plaintes fin 2018, le quadragénaire n’avait visiblement pas fini son petit jeu. Au printemps 2019, rebelote! Quatre nouveaux faits avaient été dénoncés à la police. Des faits qui feront prochainement l’objet d’un autre procès.
«Vous avez déjà remboursé quelque chose aux victimes?», s’est intéressée la présidente.
– «C’est l’Office social qui gère mes comptes et paie mes dettes.»
Son avocat Me Pim Knaff tentera de sauver la mise. «À l’époque, mon client était totalement déboussolé.» Entretemps, il aurait toutefois retrouvé un travail. Et depuis cinq mois, il serait «clean». Placé sous contrôle judiciaire depuis le 1er juin 2019, le quadragénaire a l’obligation de se présenter deux fois par semaine à la police et de se soumettre à un contrôle médical. La défense demandera aux juges de prononcer une peine intégralement assortie du sursis. Car à part une affaire de circulation, son casier ne renseignerait aucune condamnation. «Il mérite une seconde chance!»
La parquetière demandera au final 15 mois de prison et une amende appropriée contre le prévenu Marco H. «En se faisant passer pour un membre d’un club inexistant de dart, il a escroqué 100 euros par-ci par-là. Mais dans l’ensemble, cela lui a toutefois fait un bon argent de poche.»
Prononcé le 16 janvier.
Fabienne Armborst