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Enlevée à Bonnevoie, retrouvée morte à Roussy-le-Village : le procès reprend


La disparition d’Ana Lopes en janvier 2017 avait choqué Bonnevoie, son quartier. Une marche blanche en mémoire de la victime de 25 ans avait été organisée. (Photo : archives lq/Alain Rischard)

Interrompu à cause du confinement au printemps, le procès autour de la mort brutale d’Ana Lopes reprend ce mardi matin. Pour cette reprise, on revient sur les quatre premières audiences. Les enquêteurs y avaient fait parler les traces qui ont conduit l’ex-petit ami de la victime sur le banc des prévenus.

Que s’est-il exactement passé quand Ana Lopes a été surprise par son ravisseur à quelques mètres de son domicile à Bonnevoie, le 16 janvier 2017? La dernière image qu’on a d’elle en vie, via les caméras de vidéosurveillance du quartier, c’est à 0 h 59, quand elle se gare route de Thionville et quitte sa BMW avec un sac McDo en main. On sait également qu’à 2 h 13 son portable quitte le réseau, après être passé par les pylônes de Howald, Bettembourg, Frisange… et Dalheim. Sa berline sera finalement retrouvée, par des gendarmes français, non loin de la frontière luxembourgeoise en Lorraine, aux abords de Roussy-le-Village.

«La voiture dans laquelle le corps calciné de la jeune femme de 25 ans a été découvert a entièrement brûlé.» Fort probable qu’en mettant le feu, l’auteur a tenté de ne laisser aucune trace. L’affaire est un immense puzzle. Les enquêteurs de la police judiciaire étaient en train de retracer comment Marco B. (32 ans), l’ex-petit ami de la victime et père de leur fils en commun, a atterri dans leur viseur quand tout s’est arrêté à cause de la crise sanitaire. Au bout de quatre audiences, le procès – initialement fixé pendant quatre semaines jusqu’au 3 avril – avait dû être suspendu.

En détention préventive depuis début juin 2017, le prévenu Marco B. conteste les faits. La nuit de la mort brutale d’Ana Lopes, le trentenaire prétend avoir un alibi : il était occupé à promener ses chiens. Or l’enquête a mis au jour un certain nombre de contradictions dans son emploi du temps. Les données de géolocalisation de son portable révèlent des déplacements qu’il n’avait pas évoqués à la police. Son excursion derrière la frontière en début d’après-midi le 16 janvier saute aux yeux. À 13 h 53, en passant par l’A3, il se retrouve à la hauteur d’Entrange en France, donc près du bois de Kanfen et non loin du lieu du crime…

La géolocalisation du portable, la vidéosurveillance… et l’ADN

Une partie des données GPS sont aussi corroborées par la vidéosurveillance à Bonnevoie. Les images des caméras ont en effet permis de retracer certains déplacements de la VW Golf violette de Marco B. dans la nuit du 15 au 16 janvier 2017. Ainsi le voit-on passer à 22 h 48 à proximité du café Pepper’s, là où Ana Lopes a passé une grande partie de la soirée. «Le 15 janvier 2017, en début de soirée, Marco B. a emprunté, dans Bonnevoie, le même chemin que la voiture d’Ana Lopes empruntera six heures plus tard.»

Durant les quatre premiers jours du procès avant sa suspension, les enquêteurs avaient également abordé un autre indice qui a alimenté l’enquête : un ruban adhésif de couleur gris argenté, retrouvé à 55 mètres de l’épave à Roussy-le-Village. Le laboratoire d’expertise judiciaire d’Épinal a permis de mettre en évidence des traces de sang d’Ana Lopes sur la face extérieure. Et sur la face collante, c’est l’ADN masculin d’un membre de la famille de Marco B. qui a pu être relevé.

Trois jours après avoir passé au peigne fin les lieux du crime en Lorraine, il y avait eu la découverte, route de Thionville à Bonnevoie, du sachet McDonald’s contenant les deux Happy Meal qu’Ana Lopes avait achetés à 0 h 49 quelques minutes avant sa disparition. Il se trouvait entre deux véhicules garés à 40 cm d’une façade. Au vu des importantes traces de sang au sol, sur le crépi et sur les deux voitures, il s’agit de l’endroit où le ravisseur a eu raison de la jeune femme. Les enquêteurs y avaient également décelé un serre-câble… qui s’avère du «même type et de la même marque» que ceux saisis lors d’une perquisition début mai 2017 sur le lieu de travail de Marco B.

Grande salle d’audience et port du masque obligatoire

Les débats, qui doivent reprendre ce mardi matin, sont loin d’être terminés. Au total, douze audiences étalées sur trois semaines sont réservées. Au milieu de ces pièces de puzzle qui se trouvent entre les mains de la 13e chambre criminelle, il y a les résultats de l’analyse ADN. Plusieurs experts étrangers en génétique sont d’ailleurs convoqués. Une confrontation est même prévue en fin de semaine. Parmi la liste des témoins qui seront entendus, il y a aussi la mère et des amies de la victime.

Afin de respecter les règles sanitaires, le procès se tiendra dans la grande salle d’audience TL 1.10 du tribunal d’arrondissement. Outre le port du masque obligatoire, une distance de deux mètres entre les personnes devra être respectée.

Depuis que le procès a été suspendu, Marco B. a remis les pieds à la Cité judiciaire. Le 1er octobre, il y a présenté une demande de mise en liberté provisoire. Elle a toutefois été rejetée par la chambre criminelle.

Fabienne Armborst

Nos articles sur la première semaine de ce procès qui avait eu lieu au mois de mars : ici